« Violation flagrante »: l’Afrique du Sud accuse les États-Unis d’employer illégalement des Kényans et les expulse
L’Afrique du Sud a annoncé, ce mercredi 17 décembre, l’expulsion de sept Kényans employés par un programme américain de relocalisation des Afrikaners. Pretoria accuse Washington de « violation flagrante » des conditions d’entrée sur le territoire. Un nouvel épisode de tensions entre les deux pays, après que les États-Unis ont annoncé exclure l’Afrique du Sud du G20.
Par Océane Bourdenet – avec agences
ILa tension monte d’un cran entre l’Afrique du Sud et les États-Unis. Le ministère sud-africain de l’Intérieur a annoncé, ce mercredi 17 décembre, vouloir expulser sept ressortissants kényans travaillant pour le programme américain de relocalisation des Afrikaners. Ces derniers sont des Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave. Le président américain Donald Trump affirme que ces Afrikaners sont persécutés en Afrique du Sud, une accusation que le gouvernement sud-africain rejette fermement.
Dans les faits, Pretoria accuse Washington de ne pas avoir délivré de permis de travail à ces ressortissants kényans, chargés de traiter les demandes d’asile de Sud-Africains. « Des rapports des services de renseignement indiquent qu’un certain nombre de ressortissants kényans sont récemment entrés en Afrique du Sud avec des visas touristiques et ont illégalement pris un emploi dans un centre traitant les demandes de soi-disant “réfugiés” à destination des États-Unis« , affirment les autorités sud-africaines.
L’Afrique du Sud évoque une « violation flagrante » des conditions d’entrée sur le territoire. Pretoria précise que les ressortissants kényans ont été interpellés lors d’un raid mené plus tôt, ce mardi 16 décembre, et qu’ils seront expulsés et interdits d’entrée dans le pays pour une durée de cinq ans.
De son côté, Tommy Pigott, porte-parole adjoint principal du département d’État américain, a déclaré que Washington « demandait des éclaircissements immédiats au gouvernement sud-africain » et s’attendait à une « coopération » entre les deux pays. Le traitement des demandes des Sud-Africains blancs est assuré par RSC Africa, selon l’ambassade des États-Unis en Afrique du Sud. RSC Africa est un centre de soutien aux réfugiés basé au Kenya et géré par l’organisation Church World Service (CWS).
Un climat diplomatique déjà dégradé
Les relations entre Pretoria et Washington se sont tendues ces derniers mois, notamment depuis la réduction par les États-Unis de leur capacité annuelle d’accueil de réfugiés, passée à 7 500 personnes en 2025, contre environ 100 000 par an sous l’administration Biden. Les Sud-Africains blancs devraient représenter une part importante des bénéficiaires de ce programme.
Parmi les événements marquants de l’année 2025, le président américain avait reçu son homologue sud-africain à la Maison-Blanche, en mai. Dans un coup d’éclat, il lui avait alors fait visionner une vidéo censée étayer les accusations américaines selon lesquelles les agriculteurs blancs sud-africains seraient victimes d’un « génocide« .
Plus récemment, le 26 novembre dernier, Donald Trump a annoncé ne pas vouloir inviter l’Afrique du Sud au sommet du G20, marquant un nouvel épisode de crispation entre les deux capitales. Le mois précédent, les États-Unis avaient déjà boycotté le sommet du G20 organisé en Afrique du Sud.
Pour autant, la nation arc-en-ciel n’est pas seulement membre du G20 : elle en est également l’un des membres fondateurs. Les États-Unis ne peuvent donc pas l’exclure unilatéralement. Une telle décision nécessiterait le consensus de l’ensemble des pays membres, un scénario peu probable alors que des États comme l’Allemagne ou la Chine ont déjà affiché leur soutien à l’Afrique du Sud.

