COP15: après l’accord, la difficile mise en œuvre de la protection de la biodiversité

Les quelque 190 pays ont adopté lundi des engagements supplémentaires en matière de biodiversité à la COP15 de Montréal, notamment autour du partage des bénéfices économiques à tirer des données génétiques issues de plantes et animaux. Au sujet de l’effondrement de la biodiversité, les regards se tournent désormais vers mise en œuvre de l’accord, qui va dépendre en grande partie des États.

Avec notre envoyée spéciale à Montréal, Lucile Gimberg

Souvent oubliée des acteurs économiques ou politiques, la nécessaire protection de la biodiversité aura eu son « moment Paris », selon l’expression consacrée à la COP15 de Montréal. Un accord ambitieux pour protéger et restaurer plus d’espaces naturels, pour réduire les impacts de notre agriculture ou des pollutions. Et pour mettre le sujet au centre de la table, juste à côté du climat.

Philippe Grandcolas, chercheur au CNRS et spécialiste de la biodiversité :

« Un des bénéfices de cette COP, même s’il paraît trivial, est de légitimer les problématiques sur la diversité du vivant. On le sait, la biodiversité c’est l’alimentation, c’est notre santé, c’est le climat, ce n’est pas seulement des images exotiques ici ou là de milieux naturels ou de grands animaux, mais une problématique absolument centrale à la vie de l’humanité. »

Il faudra ensuite transformer l’essai. Charge à chaque pays de traduire les objectifs du cadre mondial au niveau national :

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« C’est important maintenant d’être attentif à la manière dont les pays vont implémenter ces stratégies. Par exemple, en France, une stratégie nationale pour la biodiversité que le ministère de la Transition écologique va devoir réviser. »

L’effort de vigie de la société civile sera décisif. Premier bilan dans deux ans à la prochaine COP biodiversité, prévue en Turquie.

 À lire aussi : Biodiversité: la question des données génétiques menace l’issue de la COP15

L’importance des peuples autochtones dans la préservation de la biodiversité dans l’accord

Expulsés de leurs territoires au moment de la création de zones protégées dans de nombreux endroits du monde, les peuples autochtones ont donné de la voix lors de cette COP15 de Montréal et ils ont été entendus. La nouvelle feuille de route internationale pour protéger la biodiversité donnent des garanties à ces communautés qui protègent 80% de la biodiversité de la planète.

10 COP15 _Son P. Grandcolas (spé. biodiversité) « peuples autochtones » 5H

Lucile Gimberg

Au Québec, le paradoxe de détruire des zones sauvages pour favoriser l’électrique

Plusieurs pays africains, comme la République démocratique du Congo, déplorent dans cette COP le manque d’aide financières des pays les plus riches pour les aider à protéger la nature. Du côté du Québec, certains organismes s’interrogent sur les moyens à mettre en œuvre pour réellement préserver la vie sauvage. Car pour avoir la matière première pour l’électrification des transports, le gouvernement mise sur l’exploitation de sites miniers… sur des zones sauvages à protéger.

Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas _ RFI

Il semble facile pour le Québec, très peu peuplé, de protéger 30% de son territoire. Pourtant, cette préservation concerne pour l’instant seulement 20% de sa superficie, surtout dans le Nord. Et plusieurs aires protégées potentielles pourraient être bloquées par des demandes actuelles de concessions minières.

C’est le constat qu’a fait Nature Québec, un organisme de défense de l’environnement, en s’intéressant à plusieurs zones sauvages à préserver : ces zones se trouvent justement sur de possibles sites miniers.

Bien décidé à aider l’électrification des transports, le gouvernement québécois mise sur l’exploitation de lithium et de cobalt, utilisés dans les batteries pour véhicules électriques. Un paradoxe, selon Anne-Cécile Guyon de Nature-Québec :

« D’un côté se dire proactif, arriver à protéger notre territoire d’ici 2030, mais en même temps on est en train de faire le contraire, en ouvrant le territoire à une activité économique extrêmement dommageable pour l’environnement. »

Les environnementalistes entendent donc continuer à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils tiennent leur parole.

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