Italie: un conseil des ministres sur le site du naufrage de migrants
Onze jours après le naufrage dramatique d’une embarcation en provenance de Turquie, surchargée de migrants originaires pour la plupart d’Afghanistan, d’Iran et du Pakistan, le gouvernement italien se réunit en Conseil des ministres, ce jeudi 9 mars dans l’après-midi, à Cutro, station balnéaire proche du lieu du naufrage qui a causé la mort d’au moins 72 personnes, dont de nombreux enfants.
La décision de tenir un Conseil des ministres à Cutro semble être un choix presque forcé pour le gouvernement de droite dirigé par Giorgia Meloni, qui a brillé par son absence jusqu’ici dans cette station balnéaire du sud de l’Italie. Seul le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, s’est rendu sur place, peu après le naufrage, mais sans aucune parole de réconfort pour les proches des victimes.
En comparaison, le chef de l’État, Sergio Mattarella, et des représentants de l’opposition, dont la secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein, se sont déplacés en signe de solidarité envers les familles des victimes. La présidente du Conseil espère donc mettre fin à la polémique sur son absence. Mais aussi sur les propos du ministre de l’Intérieur qui, à son retour de Calabre, avait déclaré : « Le désespoir ne doit jamais justifier les conditions de voyage qui mettent en danger la vie de ses propres enfants ».
Hausse des quotas d’entrées
Plusieurs mesures sur l’immigration légale et illégale devraient être adoptées à l’occasion de ce Conseil exceptionnel. Des sanctions plus sévères sont prévues pour les passeurs jugés en Italie. Actuellement, ils sont condamnés à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison et à une amende de 15 000 euros. Il est aussi question de renforcer les unités de police chargées de les traquer.
Concernant l’accueil de travailleurs non communautaires, le gouvernement devrait augmenter les quotas d’entrées pour 2023. Il devrait aussi renforcer les couloirs humanitaires, d’autant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis 500 millions d’euros pour la redistribution des migrants en Europe, grâce aux corridors humanitaires.
Politique migratoire un peu plus humaine
En outre, les procédures pour la reconnaissance du droit d’asile devraient être simplifiées. L’amélioration des centres d’accueil et d’intégration des migrants légaux sera également au menu du jour. Mais il sera aussi question des expulsions de migrants clandestins pour qu’elles se concrétisent plus facilement.
Le dramatique naufrage en Calabre pourrait influencer les décisions en faveur d’une politique migratoire un peu plus humaine, même s’il faudra attendre la fin du Conseil des ministres pour le confirmer. Il ne faut pas oublier que deux enquêtes ont été ouvertes pour répondre à la question suivante : pourquoi la garde côtière italienne n’a pas reçu d’ordre pour secourir les migrants dans la nuit du 25 au 26 février ?