Syrie: les combats continuent dans le nord
Dix jours après la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie, les combats continuent dans le nord du pays. La Turquie, dont le principal objectif est d’éloigner les forces armées kurdes et de créer une zone tampon à sa frontière, soutient l’offensive de l’Armée nationale syrienne et de ses factions armées. Il y a quelques jours, ces dernières ont pris par les armes la ville de Manbij.
Par : Manon Chapelain envoyée spéciale RFI en Syrie,
Dans la ville de Manbij, récemment conquise par les factions de l’Armée nationale syrienne (ANS), le chef du groupe El-Hamzad, Abou Abdou Asmar, coordonne ses hommes. Depuis quelques jours, près de 300 combattants se rassemblent dans un ancien complexe de silos à grains, désormais encerclé de barbelés et surveillé par des hommes en armes qui contrôlent les allées et venues.
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La zone a été le théâtre de nombreuses batailles. La dernière en date, le 9 décembre dernier, où les combattants kurdes ont été chassés de la ville. À tout moment, ils menacent de revenir. « Ils ont creusé des tunnels partout sous la ville. Nous ne savons pas combien exactement, ils sont trop nombreux. Ils peuvent en sortir à tout moment. Ils ont également caché des explosifs partout. Il y a deux ou trois jours, un soldat du PKK est sorti de ce tunnel et a tiré sur deux de nos hommes », explique Abou Abdou Asmar.
Une offensive conjointe avec le soutien de la Turquie
Les factions de l’Armée nationale syrienne préparent un assaut conjoint avec HTS, le groupe rebelle qui a orchestré l’offensive ayant conduit à la chute du régime de Bachar el-Assad. Leur cible : les forces armées kurdes, à l’est.
Deux motivations principales expliquent cette offensive. D’une part, l’armée nationale syrienne bénéficie du soutien discret de la Turquie. Cette dernière cherche à éloigner les forces armées kurdes pour empêcher les combattants du PKK, qu’Ankara combat depuis des années, de trouver refuge dans une poche sécurisée à proximité de sa frontière. D’autre part, dans la continuité de l’offensive d’HTS menée il y a une dizaine de jours, les forces syriennes cherchent à reprendre le contrôle de la zone kurde. Leur objectif est de contribuer à l’unification du pays.
Pour l’heure, l’assaut n’est pas encore lancé et les négociations se poursuivent. « Qu’ils suivent Bachar el-Assad et qu’ils s’en aillent à Moscou, à Paris, où ils veulent, tant qu’ils quittent le pays ! Bien sûr, les Kurdes pourront obtenir des postes dans le nouveau gouvernement, mais dans le cadre des règles et des lois de ce pays. Ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est que les soldats déposent les armes », indique le chef du groupe.
Une population épuisée par treize années de conflit
En treize ans, cette zone est passée sous le contrôle successif de l’État islamique, des forces kurdes, et aujourd’hui de l’armée nationale syrienne. À Manbij, les traces des combats sont partout visibles. La ville, environnée d’un paysage désertique, est parsemée de terrains minés et de bâtiments éventrés par les bombardements qui bordent les routes. Les habitants n’aspirent plus qu’à une chose : la paix.