COUP D’ÉTAT DÉJOUÉ – Bénin, un verrou stratégique que la CEDEAO refuse de voir vaciller

Au lendemain de la tentative de coup d’État déjouée du 7 décembre, le Bénin apparaît plus que jamais comme un pivot essentiel de la stabilité ouest-africaine. Pour la Cedeao, qui a rapidement ordonné le déploiement de sa force en attente, la survie de l’ordre constitutionnel dans ce pays frontalier du Sahel est une question existentielle.  

La tentative de putsch menée par un groupe de militaires et aussitôt avortée par les forces loyalistes rappelle avec brutalité les fragilités d’une région en proie aux recompositions sécuritaires et aux crises politiques. Le Bénin, jusque-là présenté comme un modèle de stabilité relative dans le Golfe de Guinée, est désormais pleinement exposé aux secousses qui ébranlent l’Afrique de l’Ouest.  Pour la Cedeao, la réaction ne pouvait souffrir d’aucune hésitation. En ordonnant l’activation de la force en attente et le déploiement de troupes nigérianes, ghanéennes et ivoiriennes en soutien, l’organisation régionale entend affirmer sa détermination à contrer la vague de coups d’État qui déferle depuis quatre ans. Une détermination aussi politique que stratégique.  Le représentant-résident de la Cedeao au Bénin, l’ambassadeur Amadou Diongue, rappelle ce qui est en jeu : «Rien ne saurait justifier l’immixtion du militaire dans la politique et la prise du pouvoir par la force.

Le Bénin est un verrou dont la chute serait fatale à tous les efforts pour contenir et repousser le terrorisme.» Pour lui, la tentative de putsch doit être comprise dans un contexte plus large où les États peinent à remplir leurs fonctions régaliennes, laissant les populations démunies face aux menaces.  Au nord du pays, la pression jihadiste ne cesse en effet de s’intensifier. Les groupes armés cherchent à atteindre le Golfe de Guinée, ultime débouché stratégique pour étendre leur influence. Le Bénin, frontalier du Niger et du Burkina Faso, se retrouve en première ligne de cette progression. Malgré des progrès économiques notables, les défis sécuritaires et sociaux persistent, exacerbant frustrations et vulnérabilités.

«La crise sécuritaire au Sahel n’est que l’expression d’une crise générale et multidimensionnelle de notre modèle socio-politique», insiste encore Amadou Diongue, pour qui l’éducation des citoyens et la consolidation de la souveraineté populaire sont désormais indispensables pour endiguer la tentation putschiste. En déjouant cette tentative de renversement et en recevant le soutien immédiat de la Cedeao, le Bénin envoie un signal clair : la région ne peut plus tolérer les ruptures anticonstitutionnelles. Car la chute de ce pays clé dépasserait de loin ses frontières. Elle ouvrirait une brèche dans tout l’édifice sécuritaire ouest-africain. Tout doit donc être mis en œuvre pour que le Bénin tienne bon. Il y va, comme le souligne le diplomate, «de la survie de l’Afrique de l’Ouest».

Aly DIOUF

LESOLEIL

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