Voile dans le sport : Clash entre Teddy Riner et le ministre de l’Intérieur.
Le judoka Teddy Riner a défendu la possibilité de porter le voile dans le sport. Une position qui lui a valu une riposte de Bruno Retailleau.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR, droite) s’est dit mardi “en désaccord radical” avec le judoka Teddy Riner concernant le port du voile dans les compétitions sportives.
Retailleau voit dans le voile “l’infériorisation du statut de la femme”
Le quintuple champion olympique a estimé dimanche que la France “perdait son temps” sur ces questions et qu’il fallait mieux “pens[er] égalité” plutôt que “de s’acharner sur une seule et même religion”.
“Teddy Riner, il m’a fait vibrer, on aime le sportif” mais “là je suis en désaccord radical avec lui”, a réagi Bruno Retailleau sur Europe 1/CNews mardi matin. “Le voile n’est pas le symbole de la liberté, c’est le symbole de la soumission.” “Il n’est pas non plus le marqueur de l’égalité, au contraire, il conteste radicalement l’égalité entre les hommes et les femmes, il est le signe de l’infériorisation du statut de la femme”, a-t-il ajouté. “Évidemment que toutes les femmes qui portent le voile ne sont pas des islamistes”, a poursuivi le ministre de l’Intérieur. “Mais vous ne trouverez pas un seul islamiste qui ne souhaite pas que les femmes portent le voile.”
Une proposition de loi LR interdisant de porter le voile pendant les compétitions y compris de sport amateur a été votée en février au Sénat. Le texte, qui doit désormais être examiné à l’Assemblée nationale, a semé la cacophonie au sein du gouvernement français, conduisant le Premier ministre François Bayrou à réunir plusieurs ministres mi-mars pour tenter de mettre fin aux dissonances. “La ligne du gouvernement, c’est l’interdiction du voile dans les manifestations sportives pour préserver comme un sanctuaire le sport”, a indiqué mardi Bruno Retailleau.
Une proposition de loi dénoncée par Amnesty International
Interpellée par la proposition de loi, Amnesty International a vivement protesté en pointant les “les dangers” de ce texte jugé “discriminatoire”. “Cette proposition de loi prétend faire respecter le principe de laïcité, mais porte en réalité une atteinte grave à la liberté de conscience. Elle porte aussi atteinte aux droits de participer à la vie culturelle, de disposer de son corps et de ne pas être discriminée, pourtant garantis par les conventions internationales ratifiées par la France”, déclare l’organisation.
De plus, Amnesty International juge que cette proposition de loi “constituerait un frein pour des femmes et des filles dont la pratique sportive est déjà bien inférieure à celle des hommes. Elle serait la source d’isolement social, de sédentarité, de mal-être psychologique et d’humiliation supplémentaire, pour les sportives exclues ou obligées d’enlever publiquement leur voile. Elle porterait atteinte à la pérennité des clubs dont l’activité bénévole repose en partie sur l’implication de femmes qui portent le voile. Enfin, elle restreindrait les opportunités de voir des talents français s’épanouir sereinement.”
Source: AFP