“Le conflit en Ukraine a pris un caractère mondial”: le discours de Vladimir Poutine est-il inquiétant ?
La Russie a tiré un nouveau missile balistique hypersonique de moyenne portée sur l’Ukraine. L’Orechnik ne peut pas être intercepté par les défenses antiaériennes et peut transporter une ogive nucléaire. Vladimir Poutine a déclaré un peu plus tard que “le conflit provoqué par l’Occident a pris un caractère mondial”. Cette évolution est-elle inquiétante? Pour HLN, l’ancien colonel Roger Housen nuance: “Il s’agit principalement d’une guerre psychologique”.
L’attaque au missile sur la ville ukrainienne de Dnipro a fait deux blessés. Selon le président Zelensky, le missile en question avait toutes les caractéristiques d’un missile balistique intercontinental. Mais ce n’était pas le cas. L’ancien colonel Roger Housen n’est pas surpris: “Dès qu’un seul missile intercontinental part de n’importe où dans le monde, le SBIRS, le système de satellites qui surveille le monde entier, entre en action dans les trois secondes qui suivent. Dans les six minutes qui suivent, Washington et Londres savent d’où est parti le missile et où il va. Hier, les États-Unis n’ont à aucun moment donné l’alerte concernant le lancement d’un missile intercontinental.”
Ce nouveau missile balistique hypersonique de moyenne portée, appelé Orechnik, peut transporter une ogive nucléaire. “Ce n’est pas la première fois dans cette guerre qu’un missile capable de transporter des armes nucléaires est tiré”, précise l’expert. Le Kinzhal, un missile supersonique, est déployé depuis deux ans. Alors pourquoi tirent-ils désormais avec l’Orechnik, un missile encore en phase d’essai? Car il ne peut pas être intercepté par les défenses antiaériennes existantes en Ukraine, pas même par les Patriots américains.
Message à l’Occident
Les Russes tirent donc un missile contre lequel l’Ukraine est impuissante. Pourquoi ? “Poutine veut faire valoir son point de vue en raison de ce qui s’est passé ces derniers jours. Tout d’abord, la décision de Joe Biden d’autoriser les armes américaines à longue portée, puis l’autorisation donnée par Londres et Paris d’utiliser le Storm Shadow sur le territoire russe, et enfin les mines antipersonnel américaines. C’est la contre-attaque de Poutine. L’Orechnik est un message adressé à l’Occident: ‘Écoutez, nous pouvons aussi réagir si vous pensez que vous pouvez attaquer notre territoire’”.
Dans un discours télévisé adressé aux Russes, M. Poutine a déclaré que le conflit en Ukraine avait pris un “caractère mondial”. Il a reproché à l’Occident d’avoir autorisé l’utilisation de missiles américains et européens sur le territoire russe. Bien sûr, il ne dit pas que nous sommes dans une guerre mondiale, loin de là: “Géographiquement, ce n’est pas le cas, et Poutine lui-même n’utilise pas délibérément le mot “guerre mondiale’”, remarque Roger Housen.
La rhétorique se durcit
Que veut-il dire? “C’est le moment pour Poutine de dire à son propre peuple: ‘Nous ne sommes pas en guerre contre l’Ukraine, mais contre l’Occident. Les Américains, les Britanniques et les Français commencent à nous bombarder’. La rhétorique utilisée par le Kremlin depuis l’été dernier est devenue de plus en plus dure: ‘C’est l’Occident qui s’attaque à notre mode de vie. Et vous voyez, maintenant les missiles américains atterrissent en Russie’. Ce discours était destiné à son pays. Et en Occident, les gens commencent à s’inquiéter après ce discours. Il s’agit également d’une guerre psychologique”.
Enfin, M. Poutine a assuré au peuple russe que son pays était prêt à faire face à tous les scénarios. “Nous avons toujours été, et nous sommes toujours, prêts à résoudre les problèmes de manière pacifique, mais nous sommes également prêts à faire face à toute évolution. Il est inutile d’en douter. Il y aura toujours une réponse”, a-t-il ajouté.