Taïwan: Terry Gou candidat à la présidentielle de 2024
Le portrait éco de ce vendredi 1er septembre nous emmène à Taïwan, l’île démocratique où le richissime homme d’affaires Terry Gou, ancien PDG du géant industriel Foxconn, a annoncé en début de semaine son intention de se présenter à la présidentielle de 2024.
Terry Gou est le fondateur et l’ex-PDG du géant industriel Foxconn. Il a fait fortune en Chine et il rappelle aux observateurs un certain président américain… « J’ai décidé de me porter candidat à l’élection présidentielle 2024 », a-t-il annoncé.
Difficile, en voyant Terry Gou au moment de faire sa déclaration de candidature, de ne pas penser à Donald Trump, et pas seulement parce qu’il arrive coiffé d’une casquette. Il a 72 ans, deux ans de plus que l’ancien président américain quand il a été élu à la Maison Blanche, et lui aussi se verrait bien bousculer le système politique de son pays.
Ja-Ian Chong est professeur associé en sciences politiques à l’université nationale de Singapour :
« Il y a des similitudes : comme Trump, c’est un homme d’affaires qui a réussi, il n’a pas vraiment d’expérience politique, il fait campagne et il se vend en disant qu’il est riche parce qu’il sait diriger une entreprise et que s’il sait diriger une entreprise, il saura gouverner un pays », explique Ja-Ian Chong, professeur associé en sciences politiques à l’université nationale de Singapour.
Justement, sa fortune, parlons-en…
Elle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Il la doit largement à Foxconn, l’entreprise qu’il a fondée, spécialisée dans la fabrication industrielle de matériel électronique. Ses clients s’appellent Apple, Blackberry, Nokia, Amazon… Foxconn est l’une des 20 entreprises les plus profitables au monde. C’est une multinationale qui a la particularité d’être basée à Taïwan et d’avoir parmi ses clients de grandes multinationales américaines, mais l’essentiel de ses usines en Chine.
C’est un atout ?
Terry Gou le pense. À propos de la casquette qu’il portait au moment de se déclarer candidat : dessus, il y avait le drapeau de Taïwan, accompagné des trois lettres R.O.C. pour Republic of China (République de Chine). C’est le nom officiel de Taïwan, mais c’est surtout un signal envoyé à Pékin : lui ne cherchera pas à bousculer le statu quo. Alors que la Chine menace régulièrement d’envahir Taïwan, Terry Gou est partisan d’un rapprochement avec Pékin et accuse le DPP, le parti nationaliste au pouvoir, d’avoir provoqué les tensions actuelles en se rapprochant de Washington.
« Face à la détérioration des relations de part et d’autre du Détroit de Taïwan, et des relations entre la Chine et les Etats-Unis, Taïwan ne doit pas devenir une nouvelle Ukraine, et je ne laisserai pas Taïwan devenir une nouvelle Ukraine ! », a-t-il clamé.
Comment est-ce qu’il entend s’y prendre ?
Terry Gou compte sur les bonnes relations qu’il entretient avec les autorités chinoises issues de son expérience à la tête de Foxconn.
« Il a pu ouvrir des usines de plusieurs milliers d’ouvriers un peu partout en Chine, ça prouve qu’il a réussi à établir une relation de confiance avec les autorités chinoises, au moins au niveau local. Mais attention, on voit que la Chine aujourd’hui n’hésite plus à s’en prendre aux entreprises, y compris les entreprises de la tech, y compris les entreprises étrangères. Donc la question, c’est de savoir si ces connexions qu’il a établies dans le passé peuvent encore lui servir aujourd’hui », reprend Ja-Ian Chong.
Reste que si son principal argument est de gouverner Taïwan comme il a dirigé Foxconn, il y a de quoi s’inquiéter, selon Ja-Ian Chong : « Son succès en Chine, il le doit à ses énormes usines associées à des suicides d’ouvriers du fait des mauvaises conditions de travail. Il y a eu des mouvements de protestation et Terry Gou a reçu l’aide du gouvernement chinois pour les réprimer. Donc s’il veut diriger Taïwan comme il a dirigé ces usines, les électeurs vont peut-être y réfléchir à deux fois. »
Et puis, Terry Gou n’est pas le seul candidat d’opposition…
Non, il est persuadé de pouvoir convaincre ses adversaires de ranger derrière lui. Mais pour l’instant, dans les sondages des quatre candidats déclarés, il est bon dernier.
Par :Nathanaël Vittrant
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