La victoire de Karol Nawrocki en Pologne douche les espoirs de nombreux Européens
Dans les capitales ou les institutions européennes ainsi qu’à l’Otan, le flot de réactions ne tarit pas depuis la confirmation officielle de la victoire de Karol Nawrocki. Le score serré de ce second tour a tenu les Européens en haleine jusqu’à ce lundi matin et ce scrutin sape les espoirs de beaucoup d’entre eux. Depuis Paris, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé le dirigeant nationaliste à « oeuvrer » avec la France et l’Allemagne « à la souveraineté et à l’autonomie stratégique européenne ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se dit « confiante » dans la poursuite d’une bonne coopération avec la Pologne mais les réactions enthousiastes, ce lundi 2 juin, du Hongrois Viktor Orbán ou de la Française Marine Le Pen montrent à l’envi que les relations entre Varsovie et Bruxelles vont se compliquer, écrit notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Dans un communiqué félicitant Karol Nawrocki pour sa victoire, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé son nouvel homologue polonais à coopérer « sur la base de l’État de droit », alors que le candidat nationaliste fraîchement élu menace de durcir le ton avec Berlin et Bruxelles. Un reflet des préoccupations des Européens qui voyaient d’un bon œil les efforts de Donald Tusk pour remettre la Pologne en cohérence avec les valeurs européennes.
Continuer le soutien à l’Ukraine
De son côté, Mark Rutte, le secrétaire-général de l’Otan pointe la nécessité de continuer à soutenir l’Ukraine : « Bien entendu, j’ai suivi l’élection présidentielle. Je tiens à féliciter le vainqueur et je me réjouis de travailler avec lui sur toutes les questions et de faire en sorte qu’avec la Pologne, l’Otan devienne encore plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Vous savez, pointe encore M. Rutte, qu’en ce qui concerne l’Ukraine, les 32 alliés se sont clairement engagés à ce que l’Ukraine entre dans l’Otan de manière irréversible, ce qui constitue un engagement à long terme de la part des 32 alliés. »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, quant à lui, espère une « coopération fructueuse » avec la Pologne mais le nouveau président polonais a – par exemple – jeté des doutes sur sa volonté de soutenir les réfugiés ukrainiens. Karol Nawrocki se pose en admirateur de Donald Trump et, pour l’instant, les Européens ne peuvent donc qu’espérer voir la Pologne rester en pointe face à la Russie.
« Bonne chance »
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a, elle aussi, félicité le candidat nationaliste pour sa victoire à la présidentielle en Pologne et lui envoie ses « meilleurs voeux pour son mandat à la tête d’une nation avec laquelle nous partageons des valeurs communes, des liens de coopération solides ainsi qu’une amitié historique. Bonne chance », écrit la dirigeante d’extrême droite sur les réseaux sociaux. « Je souhaite que Karol Nawrocki puisse contribuer à faire vivre la dynamique franco-polonaise qui s’est enclenchée avec la signature historique du traité de Nancy », a, pour sa part, déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, devant la presse lors d’une visite à Lille, dans le nord de la France. Signé en mai, ce traité renforce notamment la coopération de défense entre les deux pays face à une Russie jugée de plus en plus menaçante.
Le chef de la diplomatie française a aussi appelé M. Nawrocki « à oeuvrer aux côtés de la France et de l’Allemagne (…) à la souveraineté et à l’autonomie stratégique européenne ». Interrogé un peu plus tôt par des étudiants en sciences politiques de Lille sur un éventuel revirement de la Pologne après la défaite du candidat pro-européen à la présidentielle, M. Barrot a souligné que « la conduite du gouvernement est quand même assuré par le Premier ministre » centriste Donald Tusk, ancien président du Conseil européen.

