À Paris, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman veut soigner sa stature internationale
Le prince héritier d’Arabie saoudite et homme fort du royaume est à Paris. Mohammed ben Salman, « MBS », comme on le surnomme, doit déjeuner et s’entretenir, vendredi 16 juin, avec le président Emmanuel Macron.
À Paris, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman veut soigner sa stature internationale
Le prince héritier d’Arabie saoudite et homme fort du royaume est à Paris. Mohammed ben Salman, « MBS », comme on le surnomme, doit déjeuner et s’entretenir, vendredi 16 juin, avec le président Emmanuel Macron.
C’est la deuxième visite de Mohammed ben Salman en moins d’un an à Paris et la première étape de son voyage en France. L’enjeu, pour le prince héritier d’Arabie saoudite, est de soigner un peu plus sa stature internationale, rapporte notre correspondant à Dubaï, Nicolas Keraudren.
Depuis sa précédente visite à Paris en juillet 2022, Mohamed ben Salman est en effet redevenu un acteur incontournable. Le royaume a par exemple normalisé ses relations cette année avec l’Iran, sous l’égide de la Chine et entretient par ailleurs toujours des relations étroites avec Moscou.
Un déjeuner avec Emmanuel Macron
« MBS » sera reçu vendredi 16 juin à l’Élysée. Au cours de son déjeuner de travail avec le président français Emmanuel Macron, « plusieurs dossiers seront adressés » a fait savoir l’Élysée. Au menu : la guerre en Ukraine et ses conséquences pour le reste du monde, les grands dossiers de stabilité régionale dont l’impasse politique au Liban, le nucléaire iranien ou encore les échanges économiques et commerciaux entre Paris et Riyad. Sur fond de guerre en Ukraine, le royaume a la main sur les cours du pétrole. L’Arabie saoudite est en position de force à l’international.
La semaine prochaine, plusieurs autres rendez-vous attendent le dirigeant saoudien, avec comme point d’orgue, une cérémonie prévue lundi dans la capitale française, pour officialiser la candidature de l’Arabie saoudite à l’exposition universelle de 2030.
Entre grands projets et répression
S’il y a, en façade, la modernisation spectaculaire du pays et les grands projets de Mohammed ben Salman, comme la ville futuriste de Neom, sur la Mer Rouge, il y a aussi l’envers du décor. Le prince a été chaleureusement accueilli en visite officielle malgré un sombre bilan en termes de droits humains, comme en 2018, avec l’assassinat à Istanbul du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, très critique du pouvoir de « MBS ». Le royaume est aussi l’un des pays qui applique le plus la peine de mort – 196 exécutions en 2022, selon Amnesty International. Récemment, ce sont des membres d’une tribu bédouine qui ont été condamnés à mort, parce qu’ils s’opposaient à la construction de Neom sur leurs terres.
Les ONG inquiètes
Lina Al-Hathloul, de l’ONG saoudienne en exil de défense des droits de l’Homme ALQST alerte sur ces nombreux cas. « Des Saoudiens vont se faire couper la tête pour avoir refusé de faire place à un projet de Mohammed ben Salman. Et ce, avec la complicité de société française. Car lorsqu’on participe au projet Neom sans parler ces condamnations, je pense que l’on est indirectement complice. »
Militante en exil, Lina Al-Hathloul est la sœur de Loujain Al-Hathloul qui a passé plusieurs années en prison, et qui reste interdite de sortie du territoire saoudien. Pour elle, les pays occidentaux, comme la France, ont tort de se taire : « Ils restent silencieux en se disant que s’ils agacent les Saoudiens avec ces sujets, ils se tourneront vers la Chine. Au final, que se passe-t-il ? Tout le monde reste silencieux sur les violations des droits humains en Arabie saoudite, mais les Saoudiens se tournent quand même vers la Chine ! »