L’Ukraine et la Russie s’accusent d’avoir détruit le barrage de Kakhovka

Les forces ukrainiennes ont effectué de « multiples frappes » sur le barrage de Kakhovka dans la nuit de lundi à mardi, a déclaré sur Telegram le maire de la ville de Nova Kakhovka, Vladimir Leontiev, en affirmant qu’elles avaient détruit les robinets-vannes du barrage et provoqué un « rejet d’eau incontrôlable ». « Le barrage n’est pas détruit et c’est un bonheur immense », a-t-il toutefois assuré.

Pour sa part, l’armée ukrainienne a accusé dans un communiqué la Russie d’avoir organisé une explosion sur le barrage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a convoqué d’urgence son conseil de sécurité, a annoncé le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur Telegram, en dénonçant un « crime de guerre ».

Les premières images de drones sont déjà là et elles sont impressionnantes. On y voit des millions de mètres cubes d’eau se déverser lentement hors de leurs réservoirs et la situation va très vite devenir critique d’ici 4 ou 5 heures, selon l’administration militaire régionale, qui demande aux résidents des villages alentours d’évacuer le plus vite possible. Priorité donnée à une dizaine de petites communes qui pourraient être atteintes et inondées dès la mi-journée, ainsi que certains quartiers de la ville de Kherson qui se trouvent en aval du barrage.

Inquiétude autour de la centrale de Zaporijjia

L’autre inquiétude majeure, c’est la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande centrale d’Europe qui était jusqu’ici en partie refroidie par ce réservoir d’eau. Il va falloir étudier de très près quels risques nucléaires pèsent sur la région à la suite de cet incident. Le danger de « catastrophe nucléaire » à la centrale « augmente rapidement », a averti Mykhaïlo Podoliak un conseiller à la présidence ukrainienne.  « Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement », a-t-il déploré  dans un message adressé à des journalistes.

La direction de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, sous occupation russe, a affirmé que la destruction partielle du barrage, dont l’eau sert à son refroidissement, ne représente pas une menace pour l’installation.  « À l’heure actuelle, il n’y a pas de menace pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cinq blocs sont arrêtés à froid, l’un est à « l’arrêt à chaud ». Le niveau de l’eau du bassin de refroidissement n’a pas changé », a indiqué sur Telegram le directeur, Iouri Tchernitchouk, installé par l’occupation russe.

L’Agence internationale de l’énergie atomique s’est aussi voulue rassurante, estimant qu’il « n’y avait pas danger nucléaire immédiat ». « Les experts de l’AIEA » présents sur le site « surveillent de près la situation », a ajouté l’instance onusienne dans un tweet, alors que la centrale utilise l’eau du fleuve pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs.

L’Ukraine estime que la Russie veut freiner son offensive

Quant à la cible, ce n’est pas une surprise pour les services de renseignements, qu’ils soient ukrainiens ou Russes. Les deux camps s’accusent mutuellement depuis plusieurs semaines de préparer des actes de sabotage aux alentours de ce barrage. « L’objectif des terroristes est évident : créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées » ukrainiennes, a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, dans un message adressé à des journalistes.

Plusieurs villages ont été « complètement ou en partie » inondés en Ukraine. « Environ 16 000 personnes se trouvent en zone critique », a déclaré sur les réseaux sociaux Oleksandre Prokoudine, chef de l’administration militaire de la région de Kherson. Mais aucune grande localité n’est menacée d’inondation, a estimé sur Telegram Andreï Alekseïenko. Le chef du gouvernement de la région de Kherson, installé par la Russie, a aussi ajouté que « la situation est entièrement sous contrôle ». Pour sa part, Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka installé par la Russie, a annoncé peu après l’évacuation d’habitants d’ « environ 300 maisons » situées directement sur les rives du Dniepr.

Le barrage de Kakhovka, pris dès le début de l’offensive russe en Ukraine, permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l’ouvrage est construit en partie en béton et en terre. Il s’agit de l’une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.

(Avec AFP)

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