France: les syndicats espèrent mobiliser une nouvelle fois contre la réforme des retraites
De 400 000 à 600 000 manifestants sont attendus dans toute la France pour la 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, mardi 6 juin. Les syndicats, qui veulent encore croire à une victoire des opposants à la réforme, entendent mobiliser massivement, deux jours avant l’examen à l’Assemblée d’une proposition de loi pour abroger la mesure sur le recul de l’âge de départ. Après des mois, difficile de remobiliser, mais la colère se fait présente.
On est au mitan de l’apaisement. À la moitié des 100 jours que s’était donnés Emmanuel Macron pour convaincre et « retrouver l’élan de la nation », selon son discours du 17 avril, le président de la République sera toujours en première ligne dans les slogans et les critiques ce mardi dans les cortèges.
La défiance suscitée par le passage en force de la réforme à l’Assemblée via l’article 49.3 de la constitution est toujours importante. Selon un sondage de l’Ifop, 57% des Français soutiennent la mobilisation de ce mardi.
D’un autre côté, le mouvement semble être retombé. Les concerts de casseroles se sont raréfiés, les journées de grève se sont espacés – la dernière date du 1er mai. Après plus d’un mois, pas simple de remobiliser, susurre-t-on chez certains syndicats. Si beaucoup de Français soutiennent le mouvement, il y a une certaine lassitude parmi les opposants au texte après plus de quatre mois de mobilisation historique qui n’ont pas réussi pour autant à empêcher l’adoption du texte : tous n’iront pas manifester demain.
Beaucoup de Français sont désormais lassés et n’espèrent plus rien des mobilisations contre la réforme des retraites, malgré leur opposition à celle-ci
Nathanaël Vittrant
Les organisations espèrent tout de même une forte mobilisation. Pour l’intersyndicale, l’enjeu est double : maintenir l’espoir d’une victoire sur la réforme des retraites et s’inscrire à plus long terme avant la trêve estivale. Si l’unité n’a pas payé pour l’instant, elle offre de nouvelles perspectives aux syndicats.
Un dispositif policier massif face aux craintes de l’exécutif
L’intersyndicale compte bien mobiliser massivement : « Rien n’est écrit d’avance », avait dit Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, voulant encore croire à une victoire des opposants à la réforme des retraites. De son côté, l’exécutif craint de nouveaux débordements lors du cortège, alors le parcours des manifestants sera sous haute surveillance.
C’est à Paris que la mobilisation doit être la plus importante : jusqu’à 70 000 manifestants attendus entre les Invalides et la Place d’Italie, en plein cœur de la capitale. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé 4 000 policiers et gendarmes mobilisés à Paris, soit autant que lors des derniers rassemblements. 11 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans toute la France, selon Laurent Nuñez.
Le ministre de l’Intérieur qui craint la venue de « membres de l’ultragauche venus d’Allemagne, Espagne ou encore Italie », soit un millier « d’éléments radicaux », selon les services de renseignement, qui pourraient bien créer des débordements. Le 7 mars dernier, déjà, des violences avaient émaillé la manifestation parisienne.
Alors pour éviter de nouvelles dégradations, le ministère de l’Intérieur a déjà prononcé « 17 interdictions administratives du territoire ».
Dans toute la France, 250 rassemblements sont annoncés. Dans les grandes villes comme Lyon, Marseille, Bordeaux, mais aussi dans des villes moyennes.
L’opposition parlementaire alerte contre « un nouveau déni de démocratie »
L’opposition parlementaire alerte sur un risque « d’accroissement de la colère et de la violence ». Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde lundi 5 juin, plusieurs députés de gauche préviennent : il faut « un vote non biaisé » à l’Assemblée nationale pour éviter « un nouveau déni de démocratie ».
Car l’Assemblée pourrait examiner jeudi 8 juin une proposition de loi du groupe Liot visant à annuler la mesure controversée du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.
Alors que les oppositions ont quasiment leurs recours parlementaires et que les premiers décrets d’application de la loi ont été publiés, pas question de céder à l’abattement du côté de la Nupes, notamment : la bataille continue, explique le député la France insoumise, William Martinet.