France: Élisabeth Borne, stop ou encore?

Depuis l’adoption de la réforme des retraites par 49.3, la Première ministre est fragilisée. À tel point qu’une question se pose, peut-elle rester à Matignon ? Élisabeth Borne est-elle en sursis ?

« Il y a un sujet Borne », un député de la majorité constate que la Première ministre a perdu des plumes dans la séquence des retraites. Elle avait demandé un délai au président de la République pour mener des négociations avec les députés Les Républicains et trouver les voix qui manquaient à la majorité pour éviter le 49.3. « Elle n’a pas rempli la mission », reconnait un sénateur Renaissance. Et Emmanuel Macron, en lui donnant quelques semaines pour élargir la majorité et renouer avec les syndicats lors son interview télévisée du mois de mars, a semblé lui confier une mission impossible pour se laisser un peu de temps avant de la remplacer à la tête du gouvernement et tourner la page des retraites. Sauf qu’en politique, ce n’est pas forcément aussi simple que ça.

Fusible

C’est pourtant le rôle du Premier ministre de jouer les fusibles pour protéger le président. Il semble d’ailleurs qu’Élisabeth Borne était prête à assumer d’être un fusible au moment de déclencher le 49.3 dont elle savait qu’il ferait l’effet d’une déflagration politique. Mais plus le temps passe, moins on croit dans la majorité que la Première ministre va quitter Matignon. Qu’il y ait un remaniement, pourquoi pas, et même vraisemblablement mais pas forcément en changeant de cheffe du gouvernement.

« Quel bénéfice politique y aurait-il à remplacer Élisabeth Borne ? », s’interroge un député Horizons qui conclut : « Borne va rester. » Un ministre va dans le même sens en déclarant : « Le président est parti pour la garder. C’est une bonne technicienne, une bûcheuse, elle ne prend pas la lumière. » Une énumération de ce qui semble être des atouts dans l’esprit d’Emmanuel Macron.

Darmanin à Matignon ?

Le nom du ministre de l’Intérieur circule en effet. À entendre un parlementaire, « si Emmanuel Macron veut que la droite soit avec lui, il met Darmanin à Matignon ». Une solution trop évidente pour un autre qui sourit en expliquant : « Avec le président, ce n’est jamais comme ça que ça se passe, c’est trop logique. »

Et puis il y a les équilibres politiques au sein de la majorité. « Si ça devait basculer à droite, ça ne serait pas un coup de mou dans la majorité mais un coup de grisou », estime un ministre, plutôt à gauche.Alors stop ou encore pour Élisabeth Borne à Matignon ? Le plus vraisemblable, c’est qu’Emmanuel Macron n’a pas encore décidé.

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