Manifestations du 16 mars : Pastef continue son défilé
Le chargé de communication du parti Pastef indique que l’on peut s’habiller en tenue de police sans être pour autant un policier. C’est le sens de ses réponses hier devant les enquêteurs.
Le jour où Ousmane Sonko était au Tribunal, El Malick Ndiaye avait voulu prendre «l’opinion nationale et internationale à témoin», en écrivant sur Facebook «qu’un individu, habillé aux uniformes de la Brigade d’intervention Polyvalente (Bip), a aspergé d’une substance inconnue le président Ousmane Sonko». Annonçant que le leader du parti Pastef allait être évacué «dans une clinique de la place, avec Maître Clédor Siré Ly (sic) qui a été dans la même voiture que lui et qui a été gazé également». M. Ndiaye, employé à Grande Côte Opérations (Gco), une entreprise française, a conclu : «Macky Sall ne peut plus gouverner ce pays avec ses méthodes barbares.» Ce post lui a valu d’être entendu hier à la police, en présence de ses avocats.
Et là, M. Ndiaye, tout en reconnaissant l’authenticité de sa publication, en a nié toute intention nuisible. Il dément avoir incriminé un élément quelconque de la police, allant même jusqu’à affirmer : «Mes accusations ne ternissent pas l’institution policière, au contraire, elles préservent l’image de la police.» Sur la question de savoir s’il était conscient que son post pouvait conduire à des troubles graves de la part des sympathisants de Ousmane Sonko, qui auraient pu penser à une volonté du pouvoir de liquider leur leader, ce responsable du parti Pastef se contentera de dire qu’il n’a pas porté d’accusation sur un agent de la Bip.
Quand il lui a été opposé la preuve que c’est un partisan du parti Pastef qui a versé un liquide sur Ousmane Sonko, et que l’individu en question aurait déclaré à la police qu’il avait agi de la sorte pour protéger son leader des effets des gaz lacrymogènes, El Malick Ndiaye dira tout simplement : «Cela ne me concerne pas.» En plus de tout cela, M. Ndiaye a déclaré qu’il n’était pas présent sur les lieux le jour où tous ces évènements se passaient. Il a été officiellement mis en examen hier.
Cela se passait au moment même où le directeur de Suma Assistance attendait en cellule d’être fixé sur son sort, après avoir été appréhendé avant-hier à Médina Ndiathbé, où il espérait sans doute échapper à la vigilance des policiers, qui cherchaient à l’entendre sur la nature du mal dont souffrait Ousmane Sonko. On se rappelle que tout le personnel médical de la clinique avait déclaré que le Dr Babacar Niang seul était en état de parler de la nature de l’affection qui a valu à Sonko son hospitalisation, car aucun autre membre de l’hôpital ne le suivait, en dehors de M. Niang et d’une «équipe spéciale» dont la police cherche toujours à retrouver la trace.
Ces interpellations ne viennent que s’ajouter aux nombreuses autres arrestations d’activistes et sympathisants du mouvement de Ousmane Sonko, qui auraient été identifiés pour avoir pris part aux violentes manifestations du jeudi 16 mars dernier.
LESUOTIDIEN