Réforme des retraites : le gouvernement français face à deux motions de censure, colère toujours vive
Le gouvernement français doit faire face lundi 20 mars après-midi à deux motions de censure à l’Assemblée nationale, après son passage en force sur l’impopulaire réforme des retraites, dans un contexte de colère toujours très vive dans le pays.
Le gouvernement français doit faire face lundi 20 amrs dans l’après-midi à deux motions de censure à l’Assemblée nationale, après son passage en force sur l’impopulaire réforme des retraites, dans un contexte de colère toujours très vive dans le pays.
Deux motions de censure seront examinées – l’une « transpartisane » déposée par le groupe parlementaire indépendant centriste Liot et l’autre déposée par le Rassemblement national (RN – extrême droite).
Ces motions sont consécutives au recours jeudi par le gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption d’un texte sans vote si aucune motion de censure n’aboutit.
Emmanuel Macron, véritable initiateur du « 49.3 », qui était resté silencieux sur le sujet depuis jeudi, a, dans un message aux présidents du Sénat et de l’Assemblée transmis à l’AFP, exprimé « son souhait que le texte sur les retraites puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous ».
Après deux mois de concertations et une intense mobilisation syndicale et populaire contre le projet, le passage en force de l’exécutif a été vilipendé par l’opposition. Depuis le 19 janvier, de nombreux Français ont manifesté à huit reprises pour dire leur refus de cette réforme, dont la mesure phare, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère. Les opposants à cette réforme la jugent « injuste », notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.
Mais cette opposition devra se montrer unie à l’Assemblée lundi, de l’extrême droite à la gauche radicale, et compter sur une trentaine de votes des députés Les Républicains (LR, droite traditionnelle) pour renverser le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée.
Un scénario improbable, aucun gouvernement n’étant tombé à la suite d’une motion de censure depuis l’avènement de la Ve République française en 1958, mais pas impossible pour autant, alors que la pression monte sur les parlementaires.
« Électrochoc »
Le député LR Aurélien Pradié, qui a mené la fronde à droite sur cette réforme, a annoncé lundi qu’il voterait la motion de censure du groupe Liot pour envoyer un « électrochoc » à l’exécutif, mais pas celle déposée par l’extrême droite. Selon lui, le nombre de députés LR prêts à voter la censure sont « peut-être une quinzaine, je ne sais pas s’il y en a davantage ».
De son côté, le patron des députés LR Olivier Marleix a appelé, dans le journal Le Figaro, ses collègues à la « responsabilité » en estimant que ceux qui voteront une motion abandonnent « la voix du peuple aux extrêmes ».
(Re)voir : Réforme des retraites : « on ne gouverne pas sans le peuple »Lire la vidéo
Dénonçant un « déni de démocratie », des manifestants s’étaient de nouveau réunis dimanche dans plusieurs villes de France, notamment à Paris. Des incidents se sont produits dans la capitale française jeudi, vendredi et samedi soir.
Sur le front social, plusieurs secteurs-clés de l’économie restent perturbés, notamment dans les transports, la collecte de déchets et l’approvisionnement en carburant. La plus grande raffinerie du pays, située en Normandie (nord-ouest), a commencé à être mise à l’arrêt par des opposants et d’autres sites pourraient suivre.
« Assumer »
La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.
Nombre d’analystes estiment que cette réforme des retraites et la contestation qu’elle a entraîné laisseront d’ores et déjà un trace indélébile sur le second quinquennat d’Emmanuel Macron, qui avait fait de ce projet le symbole de sa volonté réformatrice.
« Allons à la clarté. La clarté, c’est le vote » sur les motions de censure, a lancé la dirigeante du groupe majoritaire à l’Assemblée, Aurore Bergé, interrogée par les médias Franceinfo-France Inter-Le Monde.
Et si le gouvernement était renversé, « il faut assumer, on y retourne », a-t-elle ajouté, avec une possible dissolution que pourrait décider le président français, actuellement au plus bas dans les sondages – 28% d’approbation – depuis 2019.
(Re)voir : quels sont les enjeux de la réforme des retraites ?Lire la vidéo
Lundi, plusieurs manifestations pour s’opposer à la réforme des retraites causaient d’importantes perturbations du trafic aux abords de Rennes (ouest). Des arrêts de travail de surveillants sont redoutés lundi en France dans les lycées, pour la première journée des épreuves de spécialité du baccalauréat 2023.
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d’annuler mardi et mercredi 20% de leurs vols à Paris-Orly et à Marseille-Provence (sud-est). Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est prévue jeudi à travers la France à l’appel des syndicats.