Réforme des retraites: le Sénat approuve
Ce jeudi 16 mars est la journée de tous les dangers pour le gouvernement français. Le Parlement doit se prononcer de façon définitive sur le projet de loi de réforme des retraites, qui vise notamment à repousser l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Sans surprise, les sénateurs ont adopté le texte négocié en commission mixte paritaire. Mais à l’Assemblée nationale, le suspense est total. Et les Républicains ont toujours le sort de cette réforme entre leurs mains.
L’ultime réunion de groupe organisée mercredi soir à l’Assemblée nationale pour clarifier les positions de chacun n’aura pas servi à grand-chose. Selon un proche d’Olivier Marleix, le patron du groupe Les Républicains au palais Bourbon, entre 34 et 36 députés sur 61 sont certains de voter la réforme des retraites.
La question cruciale est de savoir ce que feront les autres : vont-ils s’abstenir, vont-ils voter contre ? Des calculs à la voix près que la direction des Républicains fait remonter en temps réel à Matignon. Car pour le camp présidentiel, chaque voix compte, et mieux vaut par exemple une abstention supplémentaire qu’un vote de plus contre le texte, explique Pierrick Bonno.
Les discussions de la commission mixte paritaire sur les carrières longues notamment n’ont visiblement pas fait bouger les lignes. Seuls trois ou quatre députés pourraient modifier leur vote, selon une source parlementaire. Mais certains LR comptent bien cacher leurs cartes jusqu’à la dernière minute.
« On entretiendra le flou jusqu’au moment du vote. Car notre objectif, ce n’est pas le 49-3, c’est de pousser le gouvernement à prendre le risque d’organiser un vote pour qu’il échoue », nous confie un proche du député Aurélien Pradié. Le jeu de poker menteur durera donc jusqu’au bout.
Trois scénarios possibles, du plus risqué au plus catastrophique
L’Élysée a indiqué qu’Emmanuel Macron avait invité les chefs de sa majorité, jeudi 16 mars dans la matinée, pour une réunion de concertation. Il va réunir à nouveau à 12h à l’Élysée, pour la deuxième fois de la journée, les chefs du camp présidentiel pour « refaire un suivi » avant un vote décisif et incertain à l’Assemblée nationale sur sa réforme des retraites. Selon un responsable de la majorité, le chef de l’État prendra sa « décision en fin de matinée » sur la possibilité d’aller à un vote à l’Assemblée ou la nécessité de recourir au 49.3 qui permet une adoption du projet sans vote, alors que les stratèges macronistes s’affairent pour savoir s’ils disposent d’une majorité de députés.
Trois options se présentent, et aucune bonne solution pour la majorité présidentielle, décrypte Julien Chavanne. Le meilleur scénario, c’est un vote favorable des députés : Emmanuel Macron et Elisabeth Borne s’en sortiraient par le haut, mais le vote est risqué. C’est quitte ou double.
Deuxième issue possible, évoqué plus haut : le recours au 49-3. Faute de majorité, Emmanuel Macron convoquerait un Conseil des ministres pour enclencher cette procédure qui permet d’adopter un texte sans vote. Un passage en force qui sonnerait comme un désaveu pour Elisabeth Borne. La Première ministre s’exposerait aussi aux dangers d’une motion de censure déposée par les oppositions.
Enfin, la pire éventualité pour le président de la République : le scénario cauchemardesque d’un rejet du texte. Ce serait un échec pour Emmanuel Macron et un coup d’arrêt pour la suite de son second quinquennat.
Nous allons tout faire pour que ce texte soit rejeté
Invité Matin – Thomas Ménagé (RN) avant la vote de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale
RFI