Madagascar : 22 morts dans un naufrage
A l’ouest de l’Océan indien, un nouveau drame de l’immigration clandestine endeuille le nord de Madagascar. Vingt-deux personnes sont mortes dans le naufrage d’une embarcation partie des côtes nord-ouest de la Grande Île en direction de Mayotte. Le Premier ministre malgache s’est rendu sur les lieux, à Ambilobe, où les corps ont été rapatriés.
Le Premier ministre malgache Christian Ntsay s’est rendu à Ambilobe, dans le nord de Madagascar, lundi 13 mars, à la tête d’une délégation gouvernementale, pour soutenir les familles de victimes du naufrage qui a fait 22 tués, et représenter le président Rajeolina, en déplacement dans le sud de la Grande île.
Les 22 migrants à bord d’un bateau en route vers l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien, ont péri dans un naufrage dimanche vers 1h30 au large des côtes de Madagascar, ont annoncé lundi les autorités maritimes malgaches.
Sur les photos du compte Facebook du journaliste Ben Aly Jaomamy, on voit que les corps des victimes ont été déposés dans un batîment administratif du district d’Ambilobe. Selon cette source, il y a 18 femmes, un homme et 2 enfants. Une foule en recueillement était présente au moment de la venue du Premier ministre et de sa délégation.
Des rescapés qui prennent la fuite à Madagascar
« Quarante-sept personnes ont été déclarées avoir pris le bateau clandestinement, dans l’intention de rejoindre Mayotte, mais il a fait naufrage. Vingt-trois des passagers ont pu être sauvés. Vingt-deux corps sans vie ont été retrouvés », a précisé l’Autorité portuaire, maritime et fluviale (APMF) dans un communiqué.
Dans son message de condoléances sur Facebook, le président Rajeolina « exhorte tout un chacun, les simples gens comme les autorités, à toujours respecter la loi pour éviter de tels accidents ». Le chef de l’Etat publie d’ailleurs des photos de l’opération de repêchage de corps.
Selon différentes sources, la totalité des rescapés ont fui dans la nature par peur d’être arrêtés pour tentative d’immigration clandestine.
Les recherches se poursuivent après le naufrage qui a eu lieu au large du district d’Ambanja, à la pointe nord de Madagascar. La côte la plus proche de la Grande île se situe à un peu plus de 350 km du département français.
La marine, la gendarmerie, les douanes mais aussi de simples pêcheurs ont participé aux opérations de sauvetages, selon l’APMF.
De Madagascar à Mayotte, la traversée de tous les dangers
Les chavirages de kwassa kwassa, petites embarcations de pêche à moteur utilisées par les passeurs, surviennent régulièrement sur la route maritime reliant les Comores, ou Madagascar, à Mayotte.
De nombreux migrants africains et comoriens tentent chaque année clandestinement de rallier l’archipel dont la moitié de la population est étrangère. L’île comorienne d’Anjouan n’est située qu’à 70 km de Mayotte.
Mais les départs d’embarcation de migrants vers Mayotte se développent depuis Madagascar alors que la distance est de plusieurs centaines de kilomètres. La traversée est d’autant plus périlleuse en saison des cyclones qui s’étend de novembre à avril. Quelques jours avant, le cyclone Freddy, qui a frappé Madagascar à deux reprises était particulièrement violent, faisant au total 11 tués et des milliers de déplacés.
Le site d’informations malgache 24/24.mg rappelle que « il y a encore un mois de cela, un bateau transportant 33 passagers, tous des ressortissants malgaches, ont été interceptés par la gendarmerie mahoraise. 24 d’entre eux étaient en situation irrégulière et refoulés par la suite ».
L’Express de Madagascar rappelle que « jusqu’ici les immigrants clandestins vers Mayotte partent de Mahajanga », la grande ville portuaire du nord-ouest. Le fait que « la plupart des victimes viennent d’Ambilobe », commune située sur la route nationale 6 reliant Mahajanga (Majunga) et Antsiranana (ex-Diégo-Suarez, grande ville portuaire à la pointe nord de Madagascar), porte « à croire que la fièvre de l’immigration vers Mayotte gagne la population du nord », commente ce quotidien malgache.
La France renforce sa lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte
Depuis 2019, l’Etat français a considérablement augmenté ses moyens de lutte contre cette immigration clandestine avec notamment la présence continue en mer de bateaux intercepteurs et une surveillance aérienne. En visite en décembre à Mayotte, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a exprimé sa volonté de renforcer la lutte.
En 2021, 6.355 migrants et 324 passeurs ont été interpellés, et 459 embarcations détruites, selon les autorités françaises.
Il n’existe pas de statistiques fiables sur les morts de ces traversées clandestines risquées. Selon un rapport d’information du Sénat français publié au début des années 2000, environ un millier de personnes y perdent la vie chaque année.
Philippe Randrianarimanana
avec AFP
Mise à jour 13.03.2023 à 15:25