RDC: la crise humanitaire largement sous-financée, alerte l’ONU
En RDC, la crise humanitaire dans le pays reste sous-financée à trois mois de la fin de l’année, alertent les Nations Unies. Les besoins ont explosé alors que les moyens restent maigres. Pourtant, le pays compte près de 6,4 millions de déplacés internes, dont deux tiers se trouvent dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et en Ituri, à l’est du pays. Pour faire face à cette situation, la RDC nécessite 2,6 milliards de dollars (environ 2,4 milliards d’euros), mais seuls 37% de cette somme ont été débloqués par les bailleurs.
« En RDC, c’est une crise qui reste très largement sous-financée. » C’est ainsi que Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire en RDC, tire la sonnette d’alarme et appelle le gouvernement congolais à allouer une part de son budget à l’aide humanitaire. Certains conflits, tels que la guerre en Ukraine et la guerre Israël-Gaza, semblent, pour lui, attirer davantage de ressources. « Si on compare cette situation à d’autres crises dans le monde, on constate que certaines d’entre elles sont beaucoup mieux financées, souvent en raison de leur importance géopolitique ou de l’attention médiatique qu’elles suscitent », propose-t-il.
Multiplication des crises
« L’autre raison, c’est la pression qui existe sur les ressources au niveau international, du fait de la multiplication des crises. On discute constamment aussi avec le gouvernement congolais, car il est très important qu’il y ait également une mobilisation des ressources congolaises pour répondre à la crise humanitaire congolaise. »
Autre conséquence du conflit, de nombreuses personnes ont été contraintes de fuir en urgence, laissant tout derrière elles. « Ils n’ont plus de moyens de subsistance. » Dans cette situation, certains se voient contraints de recourir à « des stratégies de survie négatives », y compris « la prostitution et le trafic », souligne le coordinateur. Cette réalité contribue en grande partie à l’augmentation alarmante des lieux de prostitution dans les camps de déplacés.
Avec Pascal Mulegwa, correspondant RFI à Kinshasa