UA – Fin de mandat: Le viatique de Macky à Azali
Le Président du Sénégal a réalisé beaucoup de choses au cours de son mandat à la tête de l’Union africaine. Même s’il y a matière à s’en glorifier, Macky Sall ne perd pas pour autant la conscience que beaucoup d’autres choses encore n’ont pas pu être accomplies. Il compte sur son successeur pour donner une bonne impulsion aux chantiers qu’il avait déjà entamés.
Par Mohamed GUEYE – Le samedi dernier, au siège de l’Union africaine (Ua), le Président Macky Sall ne s’est pas juste contenté de remettre le bâton de commandement à son successeur, le Comorien Azali Assoumani. Le chef de l’Etat sénégalais, avant de se débarrasser de ses oripeaux de président de l’Union africaine, qu’il a portés pendant un an, a remis aussi à ses pairs africains, une feuille de route pour les mois et années à venir.
Si dans les cercles de décision, aussi bien en Afrique qu’en dehors du continent, le sentiment général est que le successeur de Tshisekedi a brillamment réussi sa mission, l’intéressé lui-même a su garder la tête sur les épaules et l’œil sur les défis qu’il n’a pas totalement relevés. Il l’a d’ailleurs bien dit dans son discours-bilan : «D’autres défis non encore résolus demandent une prise en charge continue.» Parmi ceux qu’il a énumérés, il y a «l’Initiative du G20 sur la suspension du service de la dette et la réallocation partielle des Droits de tirage spéciaux». Il a expliqué : «L’une et l’autre, censées accompagner nos efforts de résilience et de relance économique, restent encore dans l’impasse.» Tout en ajoutant : «Je pense à la transition énergétique juste et équitable, qui nous permet d’exploiter nos ressources disponibles, pour satisfaire nos besoins d’industrialisation à des coûts compétitifs et assurer à nos pays l’accès universel à l’électricité dont plus de 600 millions d’Africains restent encore privés.»
Macky Sall n’a pas pris de gants pour revenir sur une injustice qui lui fait le plus mal, à savoir la notation biaisée des économies africaines : «Dans mon adresse de prise de fonction du 5 février 2022 ici même, je disais que nos économies sont sous-financées et mal-financées, parce que nos pays continuent de payer de façon injuste des taux d’intérêt trop élevés, à cause d’un système inéquitable d’évaluation du risque d’investissement.» Il a donné des exemples concrets qui montrent le parti-pris patent des agences de notation en faveur des pays riches du monde occidental, au détriment des économies dites émergentes qui, pourtant, à la période indiquée, étaient les plus résilientes et performantes.
Cette situation est d’autant plus handicapante aux yeux de Macky Sall, qu’elle indique que «nos efforts de développement ne pourront prospérer tant que perdurent certaines règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale.
Certes, nous avons la responsabilité première de créer les conditions de développement de nos pays, mais notre sort dépend aussi d’institutions et de règles d’après-guerre qui ne prennent pas suffisamment en compte les besoins et intérêts de nos pays».
Ces dossiers économiques devront être poursuivis et approfondis par le successeur de Macky Sall, avec l’appui des équipes que le gouvernement du Sénégal a aidé à mettre en place.
Les autres chantiers à développer sont aussi bien d’ordres politique et stratégique qu’économique, sans pour autant être négligeables. Il y a, comme il l’a dit, la mise en place de mécanismes de règlement des différends sur le continent et aussi les questions de sécurité. Son commentaire a été on ne peut plus clair : «Force est de constater que la pacification du continent reste encore un objectif à atteindre.»
Ma litanie des obstacles et contraintes ne fait pas pour autant de Macky Sall un Afro-pessimiste ; ce serait même le contraire, quand on l’entend affirmer que «l’émergence de l’Afrique est à notre portée». Pour l’atteindre, il a indiqué les préalables que Azali Assoumani, ainsi que deux qui viendront après lui, devront accomplir. Ce sera, pour l’ingénieur Macky Sall, le moyen de «fermer l’ère de l’Afrique des problèmes et ouvrir la voie de l’Afrique des solutions».