Pôles urbains: alerte sur une supposée tentative de spoliation
Des populations d’une vingtaine de villages des communes de Bambilor et Diender regroupés au sein d’un collectif ont alerté samedi sur l’arrivée de privés qui se prévalent de droits de propriété sur les terres qu’elles exploitent depuis plusieurs générations et qui, selon elles, seraient situées dans l’emprise d’un futur pôle urbain, nous a appris l’APS.
Venus de Beer, Gorom, Dèni, Ndiar, Kayar, Thor, Gollam, Keur Abdou Ndoye, Kaniak etc., des villages de la zone des Niayes, haut-lieu de la production horticole du pays, des chefs de villages, des imams, des producteurs, entre autres acteurs, membres d’une structure dénommée Collectif pour la défense de la terre de nos aïeux, ont rencontré des journalistes à Bayakh, pour alerter sur ce nouveau phénomène.
Lors de ce point de presse, plusieurs témoins se sont dit inquiets de l’arrivée, dans leurs champs, de particuliers munis de documents, dont des baux, leur affectant les terres qu’ils ont héritées de leurs ancêtres. Ils soupçonnent une ‘’tentative d’escroquerie’’.
Les pôles urbains de Diamniadio et Déni Biram Ndao avaient été initiés ‘’pour apporter des réponses aux problèmes d’urbanisation de Dakar’’, notamment au déficit de logements et à la faible disponibilité de terres industrielles, mais aussi pour le développement d’infrastructures de recherche et de formation, ainsi que pour la promotion d’une économie forte pour atteindre l’émergence, a dit Mamadou Diattara, porte-parole du jour du collectif.
‘’Au bout du compte, le projet initial intelligemment conçu sur un plan qui intégrait l’habitat rural, un plan directeur d’extension des villages polarisés, des espaces verts, des aires de production agricole mixtes, des aménagements hôteliers et touristiques et des plans de sauvegarde de la biodiversité aquatique et des dunes, se résumera à une vaste opération de spoliation foncière’’, a-t-il ajouté.
‘’Nous tenons ici et maintenant à informer le chef de l’Etat Macky Sall et à l’inviter à diligenter dans les plus brefs délais une enquête de l’IGE (Inspection générale d’Etat), pour prendre l’exacte mesure de la catastrophe (et) à situer les responsabilités’’, a dit le porte-parole.
Il n’a pas manqué d’évoquer les risques de tension dans cette zone où les populations, y compris des émigrés de retour, ont modernisé l’horticulture, en réalisant plusieurs décennies d’investissements, comme la réalisation d’aménagements, la construction de forages et l’achat de tracteurs.
Il a noté que les producteurs qui exploitent ces terres sont prioritaires pour toute opération d’affectation, a-t-il dit non sans souligner que ces populations sont ‘’fortement attachées à leurs terres par l’histoire’’.
‘’Si ce projet avait été transparent, ces gens auraient dû, ne serait-ce que par courtoisie, y associer la communauté impactée, pour s’accorder sur des compromis dynamiques qui préserveraient les intérêts des populations et la paix sociale’’, a-t-il poursuivi.
Dans le cadre de sa politique urbaine, l’Etat compte développer les pôles de Diamniadio, du Lac rose, de Daga Kholpa, de Déni Biram Ndao, et le pôle des Niayes.
Le pôle des Niayes est la partie de la Grande côte comprise entre Sangalkam et Notto Gouye Diama, note un document de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire. Elle s’étend sur les communes de Sangalkam, Bambilor, Diender Guedj, Notto Gouye Diama, Keur Moussa, Pout et Kayar.
Les grands enjeux de ce pôle sont de préserver les terres agricoles, d’assurer une bonne maîtrise de l’eau, de renforcer les infrastructures et équipements d’appui à l’agriculture, relève la même source.