Guinée-Bissau: un général investi « président de la transition »

Les militaires à l’origine du coup d’État en Guinée-Bissau ont annoncé l’investiture du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Horta N’Tam, qui devient le président de la transition, ce jeudi 27 novembre. Trois jours après l’élection présidentielle, mercredi, des militaires avaient annoncé avoir pris le « contrôle total du pays« . 

Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Horta N’Tam, a été investi « président de la transition« , ce jeudi 27 novembre. Il dirigera la Guinée-Bissau pendant un an, ont annoncé au cours d’une conférence de presse les militaires qui ont « renversé » le président Umaro Sissoco Embaló, ce mercredi 26 novembre.

« Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement« , a déclaré le général, après avoir prêté serment lors d’une cérémonie au siège de l’état-major. De nombreux militaires ont été déployés sur place dans un dispositif de sécurité renforcé. Les militaires ont annoncé la réouverture des frontières terrestres et aériennes après leur fermeture mercredi. Ils ont également interdit aux médias de commenter ou même de couvrir la situation.

Le président, le ministre de l’Intérieur et des généraux arrêtés

Le président sortant avait confié à Jeune Afrique et à la BBC, mercredi alors qu’il se faisait arrêter, qu’il suspectait le chef d’état-major de l’armée de terre d’être à l’origine du coup d’État.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir pris le « contrôle total du pays« . Un couvre-feu a été déclaré, le processus électoral en cours a été suspendu. Des hommes en uniforme ont fait irruption au palais présidentiel pour arrêter le président sortant, Umaro Sissoco Embaló.

Le même jour, les militaires ont aussi arrêté le chef d’état-major général des armées, le général Biague Na Ntan, le vice-chef d’état-major, le général Mamadou Touré, et le ministre de l’Intérieur, Botché Candé. Ils seraient tous détenus dans les locaux de l’état-major, selon Jeune Afrique qui s’est entretenu avec le président destitué Umaro Sissoco Embaló.

Plus tôt dans la journée, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel. Des hommes en tenues militaires ont alors pris possession de la principale artère menant vers le palais.

« Des barons nationaux de la drogue »

Ces mêmes militaires, qui se sont regroupés sous le titre de « Haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public« , se sont exprimés en lisant un communiqué au siège de l’état-major des armées.

Le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, assis derrière une table et entouré de militaires armés, a annoncé à la presse: « Ce qui nous a poussé à le faire (le putsch, ndlr), c’est pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l’ordre. » Il a ensuite évoquer la découverte par les « renseignements généraux » d’un « plan visant à déstabiliser le pays avec l’implication des barons nationaux de la drogue« .

Le président de la transition a également comparé les dirigeants du pays à des narcotrafiquants, après avoir prêté serment lors d’une cérémonie au siège de l’état-major.

Le coup d’État intervient trois jours seulement après l’élection présidentielle en Guinée Bissau où le président était donné favori à sa réélection. Le vote s’est déroulé dans le calme, dimanche 23 novembre, bien que le principal opposant, Domingos Simões Pereira, n’avait pas pu se présenter. 

Le dirigeant du puissant PAIGC, parti historique qui a mené la Guinée-Bissau à l’indépendance, avait été écarté de la présidentielle pour avoir déposé son dossier trop tardivement. Il a ensuite soutenu la candidature du candidat Fernando Dias, qui revendique la victoire à la présidentielle. 

D’après des informations de Jeune Afrique, Domingos Simões Pereira et le candidat Fernando Dias ont été arrêtés par des hommes armés et amenés à une base aérienne.

Quatre coups d’État depuis son indépendance

Ce pays d’Afrique de l’Ouest est coutumier des troubles politiques. Il a connu quatre coups d’État et une suite ininterrompue de tentatives de putsch depuis son indépendance. Une situation à l’image de cette région d’Afrique où plusieurs pays voisins de la Guinée Bissau ont connu des putschs depuis 2020 et sont aujourd’hui dirigés par des pouvoirs militaires : Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée.

Plus de 6 780 membres des forces de sécurité, dont des membres de la Force de stabilisation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont été déployés en Guinée-Bissau pour le scrutin et la période post-électorale. 

Les missions d’observation de l’Union africaine et de la CEDEAO, ainsi que le Forum des sages de l’Afrique de l’Ouest, ont exprimé leur « profonde préoccupation » dans un communiqué, déplorant ce qu’ils ont qualifié de « tentative flagrante de perturber le processus démocratique« .

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dit « suivre la situation avec une profonde préoccupation » et le Portugal, ancienne puissance coloniale, a appelé au calme et à la reprise du processus électoral.

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