Irak: Bagdad étouffe dans la fumée toxique générée par des industries polluantes non régulées
Mardi 25 novembre, la capitale irakienne s’est réveillée en suffoquant. La qualité de l’air de Bagdad avait franchi le seuil de toxicité, a alerté l’institut météorologique. Les conditions atmosphériques et l’absence de vent ont contribué à maintenir un nuage de particules polluantes au-dessus de la ville pendant près de dix heures. Les habitants pourtant habitués à la pollution sont en colère contre les autorités.
Avec Marie-Charlotte Roupie correspondante RFI à Bagdad,
Après des heures à étouffer dans une odeur de solvants et de plastique brûlés, Ohood et son mari Tayseer ont voulu sortir dès que le brouillard de fumées toxiques s’est levé. Ils sont venus pique-niquer en famille, au bord du Tigre.
Ohood tousse beaucoup. « C’est à cause de la pollution. Ce n’est pas seulement un jour par-ci, un jour par là ; non, cette situation se répète, explique-t-elle. Maintenant, les cancers se sont très répandus. Leur cause, c’est toute cette pollution de l’air, la pollution causée par ces usines et ces fabriques qui sont proches des zones résidentielles. Nos enfants sont encore petits et quand ils respirent, forcément, ils vont être exposés à la pollution. Ça va forcément provoquer des maladies ».
« On espère qu’il y aura une solution à ce problème, ou que l’État décide d’éloigner ces usines en dehors de la zone, ou même en dehors de la province de Bagdad », lance Tayser.
Pas de sanctions pour les pollueurs
À l’origine de cette pollution, une combinaison d’activités industrielles non régulées, le brûlage illégal mais généralisé des déchets et un manque de réelles sanctions contre les pollueurs.
« Je soutiens toujours l’application de la loi selon le principe du pollueur-payeur. Mais cela nécessite une législation parlementaire. Et pour l’instant, le processus est à l’arrêt », déplore Haider Moataz, consultant en environnement et climat.
Selon lui, moderniser les usines et réduire leurs émissions seraient une solution. Mais pour les industriels, il reste souvent plus rentable de payer les amendes que d’engager ces chantiers coûteux.

