Aide militaire à l’Ukraine: réunion des alliés en Allemagne, Berlin particulièrement attendu
Volodymyr Zelensky l’a dit jeudi, l’Ukraine attend des décisions fortes à l’issue de cette rencontre, la 3e des alliés de Kiev sur la base américaine de Ramstein, dans l’ouest de l’Allemagne. L’Ukraine qui, depuis de longues semaines, réclame des systèmes de missiles longue portée, mais aussi des chars. Et cette question, très précisément, divise les Occidentaux. L’Allemagne, pays hôte de la réunion qui sera menée par un novice, est particulièrement sous pression.
C’est en effet le nouveau ministre de la Défense, Boris Pistorius, qui va prendre la tête de la délégation allemande, un spécialiste des questions de sécurité intérieure, et non du militaire. Surtout, il est en poste depuis ce 19 janvier ; autant dire que sa marge de manœuvre sera étroite, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.
Pistorius appliquera à la lettre les consignes qu’il aura reçues de la chancellerie. Plus que jamais, c’est Olaf Scholz qui a en mains le dossier des livraisons de chars d’assaut à l’Ukraine. Les Verts au sein du gouvernement y sont favorables, et Scholz aurait légèrement évolué sur le dossier. Il serait désormais prêt à livrer les Leopard réclamés par Kiev, mais à condition que les Américains livrent leurs Abrams. Or, Washington n’est pas encore prêt à fournir à l’Ukraine ces puissants chars de combat. Deux raisons aux réticences allemandes : la crainte que le conflit ne dégénère, mais aussi la peur que les Russes ne parviennent à capturer l’un ou l’autre de ces engins hautement sophistiqués.
L’Allemagne va-t-elle pouvoir encore longtemps résister ?
De plus en plus de pays occidentaux ont entre-temps annoncé vouloir livrer du matériel lourd à l’Ukraine. La position de Berlin devient, de fait, de plus en plus inconfortable. Les Polonais veulent envoyer des Leopard à Kiev, et envisagent de le faire sans l’accord de Berlin. Depuis le début de l’année, Varsovie pousse pour aider l’Ukraine avec ses 240 chars, relate notre correspondant à Varsovie, Martin Chabal. Pour la Pologne, si aucun accord n’est trouvé concernant les chars, cette réunion sera un véritable fiasco.
La Suède veut de son côté envoyer 50 blindés d’infanterie, la Grande-Bretagne envisage de fournir 600 missiles. Les Baltes veulent, eux aussi, que les livraisons s’accélèrent.
Et même les Américains font pression sur l’Allemagne pour l’envoi de Leopard. À Berlin, personne ne semble plus douter que le gouvernement devra céder un jour. La question est plus de savoir quand que de savoir si cela se fera un jour.