Un rapport accablant condamne la réponse du Royaume-Uni à la pandémie de Covid-19
Le Royaume-Uni a été l’un des pays européens les plus touchés par la pandémie de Covid. Il a entamé une grande enquête publique pour tirer les leçons de la gestion de cette période. À l’époque, Boris Johnson était à la tête du pays. Un premier rapport sorti l’année dernière avait conclu à l’impréparation des dirigeants. Cette fois-ci, la juge en charge de l’enquête estime que le gouvernement en a fait trop peu, trop tard.
23 000 décès auraient pu être évités si le gouvernement britannique avait confiné une semaine plus tôt, en mars 2020, d’après le rapport de la commission d’enquête publique sorti le 20 novembre. Les autorités ont échoué à prendre la mesure de la menace sanitaire et gâché tout le mois de février, rapporte notre correspondante à Londres, Émeline Vin. Février 2020 a été « un mois de perdu », et le manque de réaction du gouvernement est « inexcusable », selon l’enquête.
Résultat : quand le 16 mars 2020, Boris Johnson demande « des efforts » aux Britanniques, il est déjà trop tard et la propagation du Covid-19 est hors de contrôle, et le confinement est inévitable. Mais il n’interviendra que le 23, trois mois environ après le début de l’épidémie, qui a démarré en Chine avant de s’étendre dans le monde.
Le Royaume-Uni a enregistré l’un des plus lourds bilans en Europe liés à la pandémie, avec quelque 226 000 décès.
Le rapport pointe nommément la responsabilité du gouvernement d’alors, trop « optimiste » début 2020. Et ajoute que l’attitude de Boris Johnson lui-même, Premier ministre de 2019 à 2022, a « sapé le message sérieux qu’il était censé transmettre à la population ».
Culture toxique à Downing Street
Les 750 pages du rapport sont édifiantes pour l’ancien gouvernement conservateur. La juge parle de l’influence toxique de certains conseillers politiques, d’un refus d’écouter le personnel soignant et d’une communication brouillonne. D’autre part, les fêtes organisées à la résidence du Premier ministre – surnommées « partygate », et qui ont plus tard contribué à la chute de Boris Johnson – ont « affaibli la confiance du public dans les décisions officielles », et accru le risque que les Britanniques cessent de respecter les règles du confinement.
Les gouvernements nationaux, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, sont également critiqués pour leur lenteur et pour le manque de coordination avec Londres. Des erreurs par ailleurs répétées au moment du deuxième confinement, à l’hiver 2020.
Parmi les recommandations : clarifier le processus de décision en cas d’urgence nationale, mieux communiquer avec le grand public, et davantage prendre en compte les impacts potentiels sur les plus vulnérables. Le gouvernement a pris acte de la publication.

