Émotion au Mali après l’exécution de Mariam Cissé, jeune influenceuse de Tonka

Jeune influenceuse malienne originaire de Tonka, dans la région de Tombouctou, au nord du pays, Mariam Cissé a été enlevée le jeudi 6 novembre par des djihadistes présumés qui l’accusaient de collaborer avec l’armée malienne. Elle a été exécutée le lendemain à la tombée de la nuit. L’émoi traverse tout le pays.

Les autorités ainsi que les médias locaux évoquent un enlèvement par des hommes armés à moto, présumés appartenir au groupe djihadiste Jama’at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) ou Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, en français), puis une exécution sur la place de l’Indépendance de Tonka, devant des témoins.

Mariam Cissé était connue pour ses vidéos qu’elle partageait sur TikTok à propos de sa ville de Tonka, montrant la vie locale. La jeune fille, qui comptait plus de 90.000 abonnés sur la plateforme, apparaissait parfois en tenue militaire, en soutien aux forces armées maliennes.

La jeune femme aurait été aperçue en train de faire un direct sur le marché. Selon plusieurs sources, ce serait le motif de son enlèvement par des hommes armés qui y étaient présents.

Emotion et indignation

Son exécution a suscité un vif émoi dans le pays, dirigé par une junte et confronté depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire doublée d’une crise économique. « Ma sœur a été arrêtée jeudi par les djihadistes » qui l’accusaient « d’informer l’armée malienne de (leurs) mouvements », a raconté son frère.

Le lendemain, ils l’ont amenée à Tonka à moto sur la place de l’indépendance (et) ils l’ont fusillée. J’étais dans le public.

Le frère de Mariam Cissé

« Mariam Cissé a été assassinée sur une place publique de Tonka vendredi par les djihadistes qui l’accusaient de les avoir filmés pour le compte de l’armée malienne », a également affirmé une source sécuritaire sous couvert d’anonymat, dénonçant « une barbarie ». Un élu local a quant à lui, confirmé son exécution qu’il a qualifiée « d’acte ignoble ».

Alhousseini Aladji, journaliste et directeur de la radio Jamana de Tombouctou a évoqué l’affaire pour la presse allemande (Deutsche Welle: « L’enlèvement le jeudi dernier de Mariam a provoqué un véritable émoi chez toutes les personnes qui la suivent régulièrement sur les réseaux sociaux ». Pour le journaliste, il s’agit là d’un événement quasi inédit : « c’est l’une des rares fois qu’une femme est exécutée publiquement dans ces conditions, après avoir été enlevée ».

Sur les réseaux sociaux, des internautes qualifier cet assassinat de “tragédie nationale” et décrivent la jeune femme comme “une voix libre”, saluant “une jeune fille courageuse et lumineuse”.

Le média allemand relaie également le témoignage d’une actrice de la société civile malienne, préférant garder l’anonymat : « Ces gens qui osent s’en prendre à une jeune dame sans défense, à une mère, à une sœur et l’assassiner sur la place publique, c’est quelque que nous n’avons vraiment pas apprécié ».

Les créateurs de contenu maliens sont particulièrement affectés par ce drame. Sur RFI, la bloggueuse Fatouma Harber fait part de son état de choc: Je suis très très affectée de voir une si belle joie assassinée de façon aussi brutaleÇa fait vraiment mal. J’ai envie de crier, mais ça ne servirait à rien, car ce geste a été fait justement pour nous terroriser et pour nous faire mal”, déplore-t-elle. 

Le Mali est confronté depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s’ajoute à une grave crise économique.

Les djihadistes du JNIM ont imposé ces dernières semaines jusqu’à Bamako un blocus sur les importations de carburant, paralysant l’économie de ce pays sahélien enclavé. Le JNIM resserre également l’étau sur le régime militaire, de plus en plus fragilisé. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *