Référendum en Guinée: interdiction aux médias de donner la parole aux partis suspendus ou dissous
Par © 2025 AFP – Les médias guinéens ont l’interdiction de donner la parole aux partis politiques suspendus ou dissous par la junte dans le cadre de la campagne pour le référendum constitutionnel du 21 septembre, selon le président de la Haute autorité de la communication (HAC).
Depuis son avènement, la junte, dirigée par le général Mamadi Doumbouya après un coup d’État en 2021, a multiplié les restrictions contre les libertés dans le pays. Elle a interdit depuis 2022 toute manifestation et a fait arrêter, poursuivi ou poussé à l’exil de nombreux opposants.
Dernière mesure en date: la suspension des trois principaux partis d’opposition, dont le Rassemblement du peuple de Guinée (ex-formation au pouvoir), accusés de manquer à plusieurs de leurs obligations.
Plusieurs dizaines de partis ont déjà été suspendus ou dissous ces derniers mois par les militaires, qui invoquent la nécessité d' »assainir l’échiquier politique ».
Lors d’une rencontre avec la presse jeudi, le président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, a affirmé que les médias « ne doivent pas donner la parole aux partis politiques et structures en conflit avec la loi, qui sont interdits de fonctionner ».
Le faire serait « une infraction », a-t-il prévenu.
Cette interdiction survient à quelques jours du début de la campagne, dimanche, pour le référendum convoqué par le général Mamadi Doumbouya et censé ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel.
Les dispositions de ce texte ne permettent pas de savoir de manière explicite si le général Doumbouya pourra ou non se présenter à une future élections présidentielle, alors que l’opposition l’accuse de vouloir confisquer le pouvoir à l’aide du référendum. Elle a appelé à manifester à partir du 5 septembre.
Dans un communiqué diffusé jeudi soir, le Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), une coalition d’organisations de la société civile guinéenne, a réclamé le report du référendum, estimant le processus mal préparé et dénonçant la répression de l’opposition par la junte.
Sous pression internationale, les militaires s’étaient initialement engagés à rendre le pouvoir à des élus avant fin 2024. Ils ont depuis manqué à cette promesse.
Une « charte de transition » établie par la junte peu après le coup d’État impose qu’aucun membre de la junte ou du gouvernement, ni aucun responsable des institutions de transition ne se présente aux élections.
L’adoption d’une nouvelle constitution pourrait faire sauter ce verrou, dans ce pays dirigé pendant des décennies par des régimes dictatoriaux.

