Réseaux sociaux ou la Dictature de l’émotion – par Laïty Fall, contributeur citoyen

Les réseaux sociaux ont été annoncés comme un moyen innovant de générer davantage de fusion sociale, grâce aux technologies nouvelles de communication. Mais le constat est plus qu’évident, on assiste massivement à un phénomène de disjonction et de désintégration sociale.

Malgré une « fusion » illusoire, il apparaît de plus en plus que la virtualité et l’intermédiation des réseaux sociaux, déshumanisent fortement les rapports.

Quand les sentiments exprimés sont « préfabriqués » (pour répondre aux standards d’une communauté définie) et que les évènements auxquels ceux-ci sont rattachés, sont si éphémères, que les émotions ainsi suscitées nous traversent aussi rapidement que leurs causes.

Nous le savons bien, on perd pas de temps sur une chose aperçue sur les réseaux sociaux, au risque d’en perdre une autre et d’être dépassé par les événements.

La vitesse de l’information est devenue effrénée et c’est, à la limite, la norme au sein de chaque réseau social.

On nous dit que plus personne n’a le temps (“mann awma benn temps” disent les plus jeunes) et c’est là que se trouve le danger, puisque certaines choses ont nécessairement besoin de temps pour être appréhendées, examinées et comprises.

Sans cela, on assiste au phénomène bien connu d’une actualité qui en balaie une autre dès le lendemain, créant ainsi une “amnésie collective” et instaurant la dictature de l’émotion.

Les conséquences, nous les observons avec, semble-t-il, une grande impuissance.

Nous avons désormais dans cette jungle virtuelle, des “prédateurs sociaux” (influenceurs, liveurs, coachs en tout genre, activistes,…), en quête de “proies sociales” vulnérables.

Devient roi, celui qui a compris comment manipuler les émotions, en prenant soin de bien prouver à son auditoire, que l’on sait mieux que quiconque ce qui est bon, ce qui est bien et ce qui est mieux.

Sur le plan politique, le danger est celui du populisme massifié, précipité et où toujours la dictature de l’émotion rend toute analyse profonde, impossible.

Les maîtres dans ce domaine n’ont qu’à incarner, sans la moindre conviction, les aspirations d’un groupe qui s’identifiera bientôt comme étant le peuple dans son entièreté. Tous les espoirs de celui-ci seront condensés en la figure du maître populiste et on finit par obtenir un messianisme politique caricatural.

Malheureusement, toutes ces réalités sont aujourd’hui observées dans notre pays et il semble qu’elles auront encore des jours heureux devant elles, si rien est fait.

Laïty Fall
Contributeur citoyen

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