« En Afrique plus de 350 millions de personnes souffrent de la faim »
À Addis-Abeba, l’ONU tire la sonnette d’alarme – Se réunir pour évoquer l’état des différents systèmes alimentaires : c’est l’objectif de ce sommet onusien. Co-organisé par l’Éthiopie et l’Italie, ce sommet fait suite à celui de 2021 qui avait servi de fer de lance au programme « Faim Zéro ». Alors qu’il avait pour but d’éradiquer la faim à l’horizon 2030, 4 ans plus tard, le premier bilan est plus que contrasté.
Selon un rapport publié ce lundi par l’ONU, la faim dans le monde aurait globalement baissé… sauf en Afrique. Près de 307 millions d’africains ne mangent pas à leur faim. Quatre des cinq pays qui comptent le plus d’habitants en situation d’insécurité alimentaire aiguë sont en Afrique (Nigeria, Soudan, République démocratique du Congo et Éthiopie). Selon le rapport
Les experts sur place tirent la sonnette d’alarme : sans efforts concertés, l’objectif « Faim Zéro » en 2030 restera hors de portée.
Le PAM en grand danger
En première ligne de l’aide humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) traverse une crise inédite. En 2023, confronté à un déficit budgétaire de plus de 60 %, l’organisme onusien a été contraint de réduire drastiquement ses distributions alimentaires dans 38 pays, dont une vingtaine en Afrique.
Des opérations d’urgence ont été suspendues au Soudan, en Éthiopie, en République centrafricaine ou encore au Burkina Faso. En Somalie, où plus de 6 millions de personnes dépendent directement de l’aide du PAM, près de la moitié des rations ont été supprimées faute de fonds. Une spirale dramatique, où la faim nourrit l’instabilité.
L’USAID, l’énorme manque à gagner
Le sommet se tient aussi dans l’ombre d’un autre acteur clé : l’USAID, l’agence américaine de développement, historiquement le principal pourvoyeur de fonds de l’aide alimentaire mondiale. Mais les coupes budgétaires voulues par Donald Trump ont provoqué un véritable trou d’air.
Des programmes de transferts monétaires, de nutrition infantile ou d’appui aux petits producteurs ont été suspendus dans plusieurs pays africains. À eux seuls, les États-Unis ont réduit de près d’un milliard de dollars leur contribution en un an. Un manque à gagner qui pèse lourd sur les perspectives de sortie de crise.
Et à Gaza ?
Au-delà du continent africain, le rapport publié en ouverture du sommet alerte aussi sur une autre zone critique : Gaza. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, les agences des Nations unies qualifient la situation dans l’enclave palestinienne de famine imminente, avec des indicateurs qui dépassent ceux enregistrés au Yémen ou en Somalie lors des pics de crise.
Depuis le début de la guerre, plus d’un million de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire aiguë, sans accès régulier à l’eau ou à des denrées de base. Le rapport met en cause les restrictions d’accès à l’aide humanitaire, les destructions d’infrastructures civiles et l’effondrement total du système de distribution.
À Addis-Abeba, plusieurs intervenants ont souligné que Gaza constitue une situation plus que dramatique : celui d’un territoire plongé dans la famine non pas par manque de ressources mondiales, mais par choix politique. « La faim est utilisée comme une arme », a dénoncé António Guterres, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à un corridor humanitaire durable.

