Guerre en Ukraine: premières rencontres à Istanbul ce vendredi, quels sont les enjeux?

De premières négociations directes sur l’invasion russe de l’Ukraine depuis les premières semaines de cette guerre en 2022 doivent se tenir ce 16 mai. La priorité de Kiev est d’obtenir de Moscou un « cessez-le-feu inconditionnel », a déclaré le chef du cabinet de la présidence ukrainienne. Hier, jeudi 15 mai, Donald Trump avait assuré que « rien ne se passerait » sur l’Ukraine tant qu’il n’aurait pas rencontré son homologue russe.

Par : RFI avec AFP

Ce vendredi 16 mai, Moscou et Kiev doivent tenir à Istanbul de premières négociations directes sur l’invasion russe de l’Ukraine depuis les premières semaines de cette guerre en 2022, mais en l’absence du président russe Vladimir Poutine, les espoirs de progrès sont jugés minces. Un premier rendez-vous a eu lieu entre Ukrainiens, Turcs et Américains au palais de Dolmabahçe à Istanbul, ont indiqué des sources au sein du ministère turc des Affaires étrangères. Les discussions, qui ont duré environ une heure et auxquelles participaient notamment le secrétaire d’État américain Marco Rubio et ses homologues ukrainien et turc, doivent être suivies de pourparlers entre Moscou et Kiev sous médiation turque.

De hauts responsables ukrainiens ont également rencontré, vendredi, des représentants sécuritaires européens, a indiqué à l’AFP une source au sein de la délégation ukrainienne. Cette rencontre a eu lieu entre les ministres ukrainiens de la Défense Roustem Oumerov, des Affaires étrangères Andriï Sybiga et le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak d’un côté, et des conseillers à la sécurité français, allemand et britannique, ainsi que l’émissaire américain Keith Kellogg de l’autre, a indiqué cette source.

Moscou accusé de ne pas prendre « au sérieux » ces pourparlers

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio, arrivé à Istanbul dans la matinée ne participera pas aux discussions entre Moscou et Kiev. Le chef de la diplomatie américaine s’est rendu directement au palais de Dolmabahçe pour y rencontrer ses homologues turc, Hakan Fidan, et ukrainien, Andriï Sybiga, selon un responsable américain. Jeudi, il a déclaré ne pas nourrir « de grandes attentes» concernant la réunion russo-ukrainienne et reconnaissant que l’équipe russe envoyée par Vladimir Poutine n’est « pas au niveau que nous espérions ».

Le président américain Donald Trump a lui estimé que « rien ne se passera (…) tant que (Vladimir Poutine) et moi ne serons pas ensemble ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait, lui aussi, dit vouloir rencontrer M. Poutine à Istanbul, a accusé Moscou de ne pas prendre « au sérieux » ces pourparlers.

La délégation russe est emmenée par un conseiller de second plan de Vladimir Poutine, Vladimir Medinski, ex-ministre de la Culture. Vladimir Poutine avait proposé des négociations directes entre les deux pays. Mais, mis au défi par Volodymyr Zelensky de se rendre « en personne » à Istanbul pour négocier avec lui, le président russe n’a pas fait le déplacement.

Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky a délégué pour les discussions son ministre de la Défense, Roustem Oumerov et un vice-ministre des Affaires étrangères, qui « auront un mandat pour un cessez-le-feu ». Donald Trump, qui pousse les belligérants à conclure la paix au plus vite, a répété jeudi qu’il pourrait se rendre « vendredi » en Turquie en cas de progrès dans les discussions.

La Russie revendique l’annexion de quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine

Vladimir Poutine garde depuis le début de l’invasion des exigences maximalistes. Il répète que le processus de règlement doit s’attaquer aux « causes profondes » du conflit, en premier lieu la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’Otan, une alliance que Moscou considère comme une menace existentielle à ses frontières.

La Russie revendique par ailleurs l’annexion de quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine qu’elle contrôle partiellement – Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia – et de la péninsule de Crimée, annexée en 2014. Fin mars, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déclaré que « la reconnaissance internationale » de l’appartenance à Moscou de ces territoires est « impérative » pour un règlement du conflit.

Vladimir Poutine a présenté une multitude de justifications à l’offensive de février 2022 contre l’Ukraine, notamment la « protection » des russophones de l’est de l’Ukraine et la « dénazification » d’un pays qu’il accuse d’être sous la coupe de puissances occidentales hostiles à la Russie. Moscou demande notamment que cessent les livraisons d’armes occidentales et la mise à l’écart des groupes ultranationalistes ukrainiens.

Fin mars, Vladimir Poutine avait également évoqué l’idée d’une « administration transitoire » pour l’Ukraine, sous l’égide de l’ONU, une option qui implique le départ de Volodymyr Zelensky.

Kiev appelle ses alliés à fournir des garanties de sécurité au pays

La priorité de Kiev est d’obtenir de Moscou un « cessez-le-feu inconditionnel », a déclaré le chef du cabinet de la présidence ukrainienne avant des pourparlers avec la Russie. « La délégation ukrainienne est à Istanbul aujourd’hui pour parvenir à un cessez-le-feu inconditionnel: c’est notre priorité », a indiqué Andriï Iermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, sur le réseau social X.

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En Ukraine, la question des concessions territoriales est très clivante, la population ayant consenti depuis 2014 à d’énormes sacrifices humains et subi d’importantes destructions matérielles pour conserver ses frontières établies à la fin de l’URSS en 1991. M. Zelensky avait évoqué de possibles « échanges » de territoires avec Moscou concernant les zones tenues par Kiev dans la région russe de Koursk, mais les forces ukrainiennes en ont finalement été chassées fin avril par la Russie.

Reste donc à savoir quelles concessions seraient envisageables entre Kiev et Moscou, alors que l’Ukraine continue d’exiger le retrait pur et simple de toutes les troupes russes de son territoire. Parmi elles, l’épineuse question de la Crimée. Volodymyr Zelensky soutient publiquement que Kiev ne cèdera pas cette péninsule ukrainienne majoritairement russophone et annexée par Moscou en 2014, car la Constitution ukrainienne dispose noir sur blanc qu’elle fait partie de son territoire.

Plus largement, Volodymyr Zelensky appelle ses alliés à fournir des « garanties de sécurité » à l’Ukraine pour dissuader la Russie de l’envahir à nouveau après la conclusion d’un accord de paix. Dans cette optique, Kiev a comme demande principale de rejoindre l’Otan, une possibilité catégoriquement rejetée par Moscou et exclue aussi par le président américain Donald Trump. L’Ukraine, comme autre option, évoque avec les Européens la création d’un contingent militaire occidental qui pourrait être déployé dans le pays, avec le soutien de l’Otan, en cas de paix. Une possibilité également fermement rejetée par Moscou.

Les pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens sur l’issue du conflit qui ont lieu ce vendredi sont les premiers depuis le printemps 2022.

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