La France et la Pologne vont signer à Nancy un traité
En cette journée de l’Europe, Emmanuel Macron accueille vendredi 9 mai le Premier ministre polonais, Donald Tusk. Les deux dirigeants vont signer dans l’après-midi un traité franco-polonais à Nancy. Cette ville de l’est de la France n’a pas été choisie au hasard, elle symbolise les liens qui unissent les deux pays.
Emmanuel Macron va accueillir Donald Tusk sur la place Stanislas, classée au patrimoine mondial de l’humanité. Elle porte le nom de l’ancien roi de Pologne devenu duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, par ailleurs beau-père de Louis XV.
Au-delà du symbole, l’événement est destiné à hisser les relations franco-polonaises à un niveau supérieur. Signe de l’importance que revêt la Pologne pour la France, ce traité bilatéral est le premier signé avec un pays non frontalier. Jusque-là, la France a signé le traité d’Aix-la-Chapelle avec l’Allemagne, du Quirinal avec l’Italie ou de Barcelone avec l’Espagne, il y a deux ans.
De « fortes clauses de sécurité », selon la Pologne
Les contours de cet accord restent encore flous : selon Emmanuel Macron, il doit concerner les « domaines stratégiques, de la défense à l’énergie, en passant par le nucléaire, la coopération scientifique, linguistique et culturelle ». Côté polonais, le ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, avait affirmé que ce traité mentionnerait de « fortes clauses de sécurité. »
Ce Traité aura notamment comme objectif de renforcer la coopération militaire entre les deux pays, une coopération cruciale pour les deux nations. C’est en tout cas l’analyse de Léo Peira-Peigné spécialiste des questions de défense à l’Institut français de relations internationales.
Pour la France, cette coopération est cruciale parce que la Pologne sera la première puissance militaire terrestre du continent européen d’ici à 10 ans.
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Léo Peira-Peigné explique la coopération cruciale entre la France et la PologneJoris Zylberman
Avec la guerre en Ukraine à ses portes, la Pologne est devenue une puissance régionale incontournable. Son armée est la plus importante du continent et ses dépenses de Défense avoisinent les 5% de son PIB. Très atlantiste et dépendante des États-Unis pour la fourniture d’équipements militaires, elle cherche toutefois à nouer de nouvelles alliances dans un contexte d’instabilité généré par la présidence Trump.
La France y voit une opportunité de rapprochement, qui sera scellée cet après-midi au palais Stanislas, l’hôtel de ville de Nancy.
L’importance grandissante de la Pologne
C’est une preuve de plus, s’il en faut, de l’importance grandissante de la Pologne au sein de l’Union européenne, note notre correspondant à Varsovie, Adrien Sarlat. Ce traité de Nancy hisse Varsovie au rang de partenaire privilégié de Paris, au même titre que Berlin, Rome ou Madrid, et confirme sa place à la table des grands de l’Union européenne.
Côté polonais, on attend avec impatience de découvrir les contours précis de cet accord avec une grande question en suspens : offrira-t-il à Varsovie la garantie d’un parapluie nucléaire français ? Il permettrait à la Pologne d’acter son indépendance stratégique vis-à-vis de Washington. Emmanuel Macron avait évoqué l’idée de l’étendre à ses alliés européens au début du printemps, mais rien n’est confirmé. Il faudra donc attendre la rencontre officielle entre le président français et Donald Tusk pour connaître la teneur exacte du traité.