Ndèye Coumba Teuw Aw, DG BICIS

«Nous réfléchissons à un financement de la campagne agricole»Dans cette interview réalisée dans le cadre de l’African financial summit (Casablanca, 9-10 décembre 2024), la directrice générale de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis), Ndèye Coumba Teuw Aw, aborde ses ambitions d’accompagner davantage les Pme, les particuliers et l’État du Sénégal. Dans un secteur comme l’agriculture, elle compte œuvrer pour atteindre l’objectif de souveraineté alimentaire. 

Après l’acquisition par le groupe Sunu, comment se porte la Bicis dans l’écosystème bancaire sénégalais ? La Bicis avait déjà des agrégats sains au moment de la reprise, même si les ambitions s’étaient un peu tassées. Et avec la reprise de la Bicis par le groupe Sunu, nous déclinons des ambitions plus fortes. D’ailleurs, depuis septembre 2024, nous avons gagné deux places dans le top 10 des banques au Sénégal ; ce qui révèle une politique axée sur la croissance. Nous sommes, aujourd’hui, à la 7e place au niveau des emplois et 6e au niveau des ressources. Nous espérons figurer parmi le top 3 des banques à l’horizon 2026.

Nous nous positionnons comme une banque universelle avec un réseau d’une trentaine d’agences accueillant environ 80.000 clients et une politique équilibrée pour satisfaire la clientèle, aussi bien Corporate que particuliers et professionnels. Il est important de préciser que notre stratégie était plus axée sur l’accompagnement de multinationales. Avec le groupe Sunu, nous avons une volonté affichée d’accompagner les Pme-Pmi afin de mieux nous impliquer dans l’économie nationale tout en assistant toujours notre clientèle Corporate qui continue de porter nos plus gros engagements. Dans ce développement, notre clientèle, particuliers et professionnels, est également privilégiée.

L’encours de crédit est encore faible. On est à moins de 10 % par rapport au financement des Pme par les banques. Par quelles innovations comptez-vous inverser cette tendance ?

C’est un fait ; les niveaux de financement des Pme sont encore insuffisants. Cela est essentiellement dû à la capacité des Pme-Pmi à se mettre en norme de manière à pouvoir satisfaire aux conditions des financements. Au-delà du fait qu’il y a une grande catégorie d’entreprises qui peinent à sortir du secteur dit « informel », nous avons également une catégorie d’entre elles qui ne parvient pas à disposer de garanties fiables et éligibles, sans oublier le problème de management identifié dans beaucoup de Pme-Pmi. Toutefois, la Bicis fait tout son possible pour mettre à la disposition des entreprises un accompagnement financier spécifique à leur besoin tout en veillant au remboursement des crédits qui, osons le dire, pose un problème. De manière générale, la Bicis s’est engagée dans la voie du financement des Pme-Pmi, car elles sont des vecteurs de croissance, mais également parce que la volonté de notre regretté Papa Pathé Dione, fondateur du groupe Sunu et dont je salue respectueusement la mémoire, était d’acquérir une banque qui participe activement au développement des richesses de son pays. Nous travaillons dur pour atteindre cet objectif dans le cadre d’une croissance maîtrisée.

Que prévoyez-vous pour un secteur assez porteur comme l’agriculture ?

Le secteur de l’agriculture est assez complexe parce qu’il ne se finance pas avec les mêmes garanties de recouvrement. Nous avons bien noté la volonté affichée des pouvoirs publics d’inciter à un retour à l’agriculture, le développement de l’agrobusiness ainsi que la communication sur la souveraineté alimentaire. C’est une excellente chose et notre banque appuie quelques entreprises qui investissent dans ce secteur tout en réfléchissant à un mode de financement de campagne qui permettra d’accompagner nos agriculteurs. Ce faisant, nous apporterons notre modeste contribution à l’effort national devant conduire à la souveraineté alimentaire.

Qu’en sera-t-il pour les fintech et les startups ?

Pour toutes les activités, nous cherchons, en général, à faciliter la vie et le parcours du client. Aujourd’hui, il n’est plus pensable de passer toute une journée à la banque pour faire des retraits. Faciliter la vie des clients, c’est avoir son smartphone, pouvoir faire des opérations, payer la facture d’eau ou d’électricité, son crédit, la scolarité des enfants…sans se déplacer. Ce sont des innovations que nous avons déjà et que nous améliorons chaque jour. Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, dans le cadre de l’exécution de l’agenda 2050, ont lancé un appel aux banques, mais également au secteur privé.

Comment la Bicis compte-t-elle accompagner cette ambition et cette politique du gouvernement sénégalais ?

Le directeur général du groupe, M. Mohamed Bah, a eu l’occasion d’être reçu par le chef de l’État, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Lors de cette audience, il a exprimé les ambitions du groupe et la volonté de la Bicis de contribuer à l’essor de l’économie sénégalaise. À cet égard, je me permets de rappeler que la Bicis accompagne l’État à travers ses émissions, se tient aux côtés des sociétés nationales en apportant ses contributions en financement et continue d’accorder des prêts aux Pme, aux particuliers et aux fonctionnaires. Nous avons d’ailleurs convenu, avec le ministère des Finances et du Budget, un accompagnement sur un programme immobilier communément appelé Prêt Dmc (Direction de la monnaie et du crédit), pour un lot d’environ 2500 nouveaux dossiers. Comme vous l’imaginez, notre accompagnement des initiatives de l’État a toujours été constant.

Entretien réalisé par Demba DIENG

SOURCE LESOLEIL

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