Réaction – Déchéance du maire de la Ville de Dakar de son mandat : Khalifa Sall condamne la «forfaiture» contre Barth’

La révocation de Barthélemy Dias à la mairie de Dakar continue de défrayer la chronique. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, condamne la décision et dit avoir pensé que le régime n’allait pas réserver  le même traitement que lui a eu à subir de la part de l’ancien régime qui l’avait révoqué de son poste de maire de Dakar. De Paris où il se trouve, Khalifa Sall a appelé, hier, à une mobilisation pour que cette «forfaiture» ne passe pas. Par Amadou MBODJI –

La révocation de Barthélemy Dias de son poste de maire de Dakar est comme une pilule qui a du mal à passer chez Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. Le leader de Taxawu Senegaal pensait  «être la dernière victime d’une machination politique pour ôter à un élu son mandat issu du suffrage universel, de la confiance des électeurs».  Khalifa Sall s’en offusque en faisant le parallèle avec sa révocation de la tête de la mairie de la Ville de Dakar,  après sa condamnation en 2018 en première instance à 5 ans de prison pour «escroquerie sur des fonds publics et faux en écriture».

«J’avais espéré qu’avec cette troisième alternance, les tenants du pouvoir, qui ont été des opprimés, ne se transformeraient pas en bourreaux, surtout vis-à-vis d’une personne, Barthélemy Dias, qui a œuvré à ce que l’opposition soit unie pour faire ce qu’elle a réussi à faire en 2021 et en 2022», a déclaré Khalifa Sall, hier sur la Rfm. Ce dernier, soulignant être entré en contact avec Ousmane Sonko par le canal de Barthélemy Dias, se dit surpris par la tournure des évènements.

«Je n’avais jamais pensé que nos relations se détérioraient à ce point», a regretté M. Sall. Qui continue de faire dans la dénonciation.

«Ce qui est arrivé à Barthélemy Dias ces derniers jours est inacceptable. D’abord, ce n’est pas élégant et c’est inacceptable. On a usé de stratagèmes, même si c’est la loi, pour chercher à le priver de sa légitimité et de son mandat. Ce stratagème ne s’aurait prospérer», note le président de la plateforme politique Taxawu Senegaal.

L’ancien maire de la Ville de Dakar annonce que des «démarches nécessaires» seront initiées avec tout le monde pour «barrer la route à cette forfaiture».
«Je pense qu’il est temps de nous organiser pour que ce qui se passe à la Ville de Dakar ne puisse pas aboutir ou prospérer, mais surtout pour que les libertés soient respectées et que la pluralité puisse prévaloir. J’y invite tous les acteurs politiques et je suis certain que nous trouverons les ressorts pour nous réunir, nous rassembler afin d’exiger que la pratique démocratique, que la pluralité des idées puissent continuer à prospérer dans notre pays», lance l’ancien candidat à la dernière élection présidentielle.

L’ancien président du Conseil municipal de Dakar dit s’étonner, par ailleurs, de la radiation dont Barthélemy Dias a fait l’objet à l’Assemblée nationale, lors de l’installation de la 15ème législature. «Nous n’avons pas compris pourquoi le ministre de la Justice n’a pas usé de cette prérogative pour les quatre ou six mois, d’avril à novembre, pour le faire déchoir de son mandat de député. Pourquoi avoir attendu la deuxième légitimité -de Barthé­lemy Dias- pour initier cette procédure ?», s’interroge l’ancien patron de la Ville de Dakar.

Ce dernier ne peut s’empêcher de s’interroger ainsi : «Pourquoi le ministre de la Justice a-t-il attendu que Barthélemy Toye Dias soit réélu, qu’il ait une deuxième légitimité,  pour agir ?» «C’est ça qui est gênant. Et c’est cela qui est inacceptable», s’est insurgé Khalifa Sall.

Le leader de Taxawu Senegaal passe au peigne fin les  nombreuses convocations de personnalités publiques constatées en se montrant critique. «Je suis assez stupéfait par la manière de faire de ce nouveau pouvoir. Tout est au forceps, on veut réduire tout le monde au silence, les gens sont convoqués à tour de bras : à la Dic, à la cybercriminalité ou cybersécurité… Et, c’est comme si le pluralisme des idées devait disparaître de ce pays», se désole-t-il.

En l’espace de quelques jours, dans le courant de la semaine dernière, le maire de la Ville de Dakar a perdu ses deux mandats électifs : celui de député à l’Assemblée nationale et celui de maire de la Ville de Dakar. La perte du premier mandat est consécutive à une demande de radiation du nom de Barthélemy Dias de la liste des députés, formulée par le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Ousmane Diagne, et déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale. La requête ministérielle a été motivée par la condamnation définitive de Barthélemy Dias pour «coups mortels» dans l’affaire dite Ndiaga Diouf.

Quant à la déchéance de M. Dias de son mandat de maire de la Ville de Dakar, elle est la conséquence de la saisine du Préfet du département de Dakar par le conseiller municipal Bayna Guèye, qui demandait à l’autorité administrative de déchoir Barthélemy Dias de son mandat.

Pour se faire rétablir dans ses droits respectifs de député et d’édile de la capitale, M. Dias a saisi la Justice par des recours qu’il a introduits auprès de celle-ci.

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SOURCE LEQUOTIDIEN

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