Pérou: la présidente annonce avancer les élections générales après de violentes manifestations
Dans un message télévisé dans la nuit de dimanche à lundi, Dina Boularte a annoncé, qu’elle allait présenter un projet de loi visant à avancer les élections générales de 2026 à avril 2024 alors que le pays est secoué par des manifestations qui ont fait deux morts dans la journée, après la destitution du président Pedro Castillo, il y a une semaine.
SOURCE RFI
Il y a quelques jours, juste après la destitution et l’arrestation de Pedro Castillo, Dina Boluarte avait dit son souhait de terminer son mandat en juillet 2026. Mais la rue aura eu raison de sa volonté. Et la formation, samedi, d’un gouvernement au profil indépendant et technique n’y aura rien changé.
Disant comprendre la « volonté des citoyens », Dina Boluarte, la vice-présidente jusqu’à son investiture le 7 décembre, a dit dans un message télévisé cette nuit avoir « décidé de prendre l’initiative d’un accord (…) pour avancer les élections générales à avril 2024 », après la crise provoquée par la tentative ratée de Pedro Castillo de dissoudre le Parlement.
État d’urgence
Dina Boluarte a également annoncé la déclaration de l’état d’urgence dans les zones les plus affectées par les manifestations. « J’ai donné des instructions pour reprendre le contrôle de l’ordre interne et des droits fondamentaux des citoyens », a-t-elle déclaré.
Même si le nombre de manifestants n’est pas gigantesque à l’échelle du Pérou, les manifestations qui se sont déroulés à Cajamarca, Arequipa, Tacna Huancayo, Cusco ou Puno pour exiger la libération du président déchu Pedro Castillo, la dissolution du Congrès et l’organisation de nouvelles élections générales ont souvent été violentes.
Le gros des affrontements a eu lieu dans les zones rurales, là où se concentrent les partisans de Castillo, un professeur indigène originaire des Andes. Deux personnes sont mortes dans la petite ville de Andahuaylas, entre Ayacucho et Cusco, où les manifestants ont envahi et endommagé les installations d’un aérodrome utilisé par les forces armées. Il s’agirait de deux adolescents de 15 et 18 ans, rapporte notre correspondant dans la région, Éric Samson.
Une petite trentaine de blessés, dont des policiers, sont également à déplorer, tandis que des routes restent bloquées, notamment à Ica. Par ailleurs, une grève générale est annoncée pour jeudi prochain de la part de syndicats de professeurs, chauffeurs et paysans.
À Lima, la capitale, entre 1 000 et 2 000 partisans de Pedro Castillo ont manifesté avant d’être dispersés à coup de gaz lacrymogène. Ils se trouvaient devant le Congrès où d’ailleurs deux députés pro et anti-Castillo se sont battus à coup de poing.