CAN 2029 : le déficit de stades aux normes plombe le Sénégal
Près de 33 après la tenue de la CAN 1992, le Sénégal espérait accueillir de nouveau la prestigieuse compétition. Doublé pour l’édition 2027 par le trio-Kenya-Ouganda-Tanzanie, le Sénégal va encore attendre encore plusieurs années avant de recevoir sur son sol la fête du football. Les nouvelles autorités ont décidé de mettre une croix sur l’édition de 2029. Le ministre des sports a officiellement disqualifié le Sénégal malgré les engagements prise par l’Etat pour résorber le déficit d’infrastructures aux normes dans le pays. Si l’on sait que le Sénégal ne compte jusqu’ici que deux enceintes qui répondent à ces normes : le stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio et le stade Lat-Dior de Thiès.
Doublée le trio Ouganda- Kenya- Tanzanie pour la candidature de la CAN 2027, le Sénégal fera l’impasse sur l’édition de 2029. Le ministre des Sports est monté au créneau pour donner la position officielle qui désengage le Sénégal pour une deuxième organisation du Sénégal après celle de Sénégal 1992. La raison évoquée est que le Sénégal nedispose pas encore des infrastructures aux normespour l’organisation d’une Coupe d’Afrique. « On entend depuis très longtemps parler des milliards injectés dans les infrastructures, mais cela ne suffit pas pour organiser une Coupe d’Afrique. Ces infrastructures qui serviront à organiser les jeux olympiques de la jeunesse en 2026 ne pourront même pas nous permettre d’abriter une Coupe d’Afrique où candidater pour l’organisation. C’est une priorité pour nous, c’est pour cela qu’on a transmis cela à la plus haute autorité de ce pays », a expliqué Khary Diène Gaye. Elle précisera que L’État a fait des ‘’investissements importants dans le développement des infrastructures sportives durant ces dernières années, avec, en 2024, un budget de 42 milliards de francs CFA pour la construction et la rénovation de stades et d’autres installations sportives.
L’option des nouvelles autorités traduit largement la situation et les défis auxquels le Sénégal est confronté en termes d’infrastructures sportives. Un défi qui loin d’être gagné en dépit de l’ambitieux projet de rénovations et constructions de stades régionaux proposé par les gouvernements qui se sont succédés.
Un gap infrastructurel encore béant
En d’autres termes, l’impasse sur la CAN 2029 est tout aussi prévisible si l’on sait que le Sénégal ne remplit jusqu’à présent le cahier des charges de la Confédération africaine de football. Celui-ci exige au pays candidat de disposer d’au moins 6 stades. Lesquels stades doivent remplir certaines conditions liées à la capacité d’accueil, à la qualité de la pelouse, des vestiaires et à l’éclairage. Ce qui n’est pas encore le cas pour le Sénégal qui ne dispose aujourd’hui que le stade Lat-Dior de Thiès réservé aux catégories jeunes mais le stade Abdoulaye-Wade. D’une capacité de 50 000 places, le stade moderne de Diamniadio, inauguré le 22 février 2022 reste à l’heure actuelle le seul homologué par la CAF. Après son premier titre de champion d’Afrique remporté en février 2022 suivi de la participation à la Coupe du monde 2022, les autorités étatiques avaient pourtant pris de grands engagements afin d’élargir la carte infrastructurelle du pays. Malgré le joyau érigé à Diamniadio et le stade Léopold Sédar Senghor inauguré en 1985 et d’une capacité de 60 000 places, Sénégal accuse de gros retard.
Le Sénégal accuse un énorme retard et semble même dépassé par certains pays. Avec l’avènement du Président Wade, un programme de réhabilitation des stades régionaux, avait été mis en œuvre en collaboration avec la Chine. Le partenariat a permis d’ériger dans les 11 régions, un stade muni d’un gazon synthétique. Mais ces infrastructures, pour la plupart, ont vite été confrontées dans les autres régions par un état de vétusté faute d’entretien. Le problème reste entier. Si l’on sait une bonne partie des stades ne sont pas actuellement opérationnelles comme le stade Aline Sitoé Diatta ou encore celui Malade Wade aujourd’hui impraticable.
Le retour de la CAN pour combler le gap
Pour résorber le gap des infrastructures, l’organisation de compétitions majeures de la dimension de la Coupe d’Afrique, était perçu comme une bonne opportunité qui s’offrait au Sénégal. Les ministres du Sport qui se sont succédés ne sont pas trompés en impulsant cette dynamique. Après Matar Ba, son successeur au département des sports Yankhoba Diattara avait surfé sur les résultats exceptionnels du football sénégalais pour entrevoir le retour de la CAN au Sénégal en le mettant au rang des priorités de la politique sport. Il considérait que l’organisation, pour une deuxième fois une coupe d’Afrique, serait une bonne opportunité pour le pays afin d’améliorer sensiblement le niveau de nos infrastructures et des équipements sportifs. Il a réitéré, au même moment, l’engagement de l’Etat dans la construction d’un nouveau stade à Saint-Louis, la rénovation du stade Aline-Sitoe-Diatta de Ziguinchor, du stade Lamine Guèye de Kaolack et du stade Ely Manel Fall de Diourbel.
Ces infrastructures ajoutées aux travaux de réhabilitation déjà entamés du stade Léopold-Sédar-Senghor devraient mettre le Sénégal sur orbite et lui permettre d’accueillir la grande messe africaine. Un événement de cette envergure aurait constitué une occasion majeure d’améliorer les infrastructures sportives ; de dynamiser le secteur touristique, l’industrie hôtelière ralenti depuis quelques années par les conséquences des années de Covid-19. D’ailleurs, le ministre du sports par intérim Amadou Ba s’est inscrit dans le sillage. L’ancien Premier ministre n’avait pas manquer de relever la pertinence. Avant de lancer la candidature du Sénégal pour la CAN 2027, il avait annoncé que le président de la République Macky Sall avait accepté de valider les investissements qui devraient permettre la participation du plus grand nombre de régions possible dans la mise en place de cette CAN.
Tout comme aussi il avait émis l’idée de travailler pour une co-organisation avec la Gambie et la Mauritanie.
Omar DIAW