L’Unacois veut une nouvelle révision du Code des impôts
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois-Jappo) déplore la charge fiscale des entreprises dans un contexte de crise économique. «Au-delà de la pression fiscale qui s’exerce sur une partie des entreprises, la problématique de l’élaboration et de la collecte de l’impôt est structurellement profonde au Sénégal et ne favorise toujours pas l’éclosion d’un tissu économique dynamique et résilient. La dernière ou seule réforme d’envergure connue du Code général des impôts remonte à 2007-2008, ainsi que le Code des Douanes. Dans un contexte de changement systémique, la révision de la politique fiscale devrait être érigée au rang de priorité absolue», a plaidé Ousmane Sy Ndiaye, Directeur exécutif de l’Unacois-Jappo, lors d’un point de presse tenu mercredi au siège de leur structure. A son avis, la fiscalité ne tient pas compte de «la fragilité de la majorité des Pme». Pour lui, «le Sénégal, qui est en quête de souveraineté économique, doit se donner les moyens de définir une politique fiscale qui accompagne le développement d’un tissu économique solide, la promotion des investissements privés et le développement des entreprises».
Dans le même sillage, Mame Tamsir Niane, 1er vice-président de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal, considère que «la pression fiscale est une contrainte. L’impôt devrait être payé, mais ça ne doit pas conduire à la faillite des entreprises». Ainsi Ousmane Sy Ndiaye invite-t-il l’Etat à soutenir le secteur privé. «Etant entendu que le secteur privé sera fort lorsqu’il sera pleinement soutenu par l’Etat. Le président de la République fonde beaucoup d’espoir dans l’établissement de relations de confiance entre l’Etat et le secteur privé dans la mise en œuvre des politiques publiques. L’emploi, particulièrement des jeunes, constitue un des problèmes majeurs auxquels le chef de l’Etat sera confronté tout au long de son mandat. C’est pourquoi la mise en œuvre inclusive et participative du Projet sera un des défis auxquels le Président Faye va s’atteler pour résoudre la question du chômage», indique l’Unacois-Jappo, en évoquant l’audience que le président de la République avait accordée à ses membres en avril dernier.
D’après les camarades de Idy Thiam, président de cette organisation, «l’endogénéisation de l’économie, la promotion de champions industriels nationaux, comme la création massive d’emplois, se feront nécessairement avec la participation active du secteur privé national». Et si la réforme de la politique de fiscalité constitue un des défis à relever, l’Unacois-Jappo estime que l’autre défi reste «la relance du Dialogue public-privé».
Pour la relance du Dialogue public-privé
En effet, explique-t-elle, «le Dialogue public-privé est un mécanisme institutionnel qui rapproche divers acteurs des secteurs public et privé. Il est constitué de rencontres extrêmement formelles et structurées, ou de forums plus informels et ad hoc pour résoudre des problèmes ponctuels ou lever des contraintes structurelles. Le Dpp est le moyen privilégié de refonder une confiance mutuelle, base de mobilisation de toutes les forces nécessaires à la bonne prise en charge des préoccupations de l’Etat et du secteur privé. De la dévaluation du franc Cfa en 1994 jusqu’aux dernières mesures de baisse des prix des denrées de première nécessité, intervenue ces derniers jours, le Dpp est resté le moyen le plus sûr et sécure pour bâtir les consensus nationaux sans lesquels aucune action de mise en œuvre de politique publique ne peut prospérer».
La modernisation du secteur commerce traditionnel est également une doléance pour l’Unacois-Jappo. Laquelle juge nécessaire de «mettre à niveau les espaces dédiés au commerce général et de détail. Car le mobilier urbain du commerce est complètement vétuste et devenu dangereux pour la sécurité des commerçants et des consommateurs. Le défaut de gestion des filières, de prise en charge des besoins d’assistance technique, de formation et financement expose gravement les activités des jeunes et des femmes à la concurrence déloyale de cette forme de grande surface au Sénégal».
Et rappelant les résultats du Recensement général 2016, l’Unacois souligne que «le secteur du commerce concentre l’écrasante majorité des acteurs économiques du pays (le commerce est la branche d’activité la plus exercée avec 52, 1%) et enregistre un niveau de contribution assez significatif au Pib du Sénégal et aux emplois créés. Malheureusement, la seule politique publique mise en œuvre jusque-là avec les gouvernements successifs concerne essentiellement celle des prix».
Par Amadou MBODJI – [email protected]