Nouvel administrateur du Fonds d’habitat: Ibrahima Diop dévoile les fissures des 100 mille logements
Pour le nouvel administrateur du Fonds de l’habitat social (Fhs), «le secteur de l’habitat est susceptible de contribuer fortement à la croissance économique de notre pays. L’habitat est ainsi devenu un enjeu stratégique majeur pour le Sénégal». Fort de ce constat, Ibrahima Diop a décliné son programme. «Nous devons nous tourner vers des actions plus ambitieuses et structurées, à la hauteur des besoins de nos concitoyens. Aujourd’hui, l’enjeu est de mettre en place un programme d’accès à la propriété, de rénovation et de restructuration urbaine, soutenu par le Fonds, avec pour objectif de combler ce déficit sur un horizon de 15 ans. Ce programme se déroulera par séquence de 5 ans et visera à créer un écosystème de production capable non seulement de résorber ce gap, mais aussi de stabiliser le marché immobilier au Sénégal», a-t-il affirmé.
«Ce qui a manqué au programme des 100 000 logements, c’est un modèle économique solide, une ingénierie financière efficace et une stratégie de commercialisation claire. Le manque de dispositif de viabilité économique et d’ingénierie financière, en particulier pour financer les Vrd (Voierie et réseaux divers : Ndlr), a été un frein majeur. De plus, l’absence d’un mécanisme de commercialisation robuste a empêché la vente efficace des logements produits.
Les promoteurs sont souvent prêts à produire, mais la question du financement des infrastructures et de la vente des logements reste un obstacle. Le Fonds pour l’habitat social a une responsabilité-clé dans la commercialisation des logements sociaux produits par les promoteurs, et c’est sur cette base que nous devons réorienter nos efforts», a déclaré hier le nouveau patron du Fhs, lors de sa passation de services avec son prédécesseur, Ousmane Wade. Débarqué lors du Conseil des ministres du 18 juillet 2024, M. Wade ne veut pas entendre que le budget du Fonds de l’habitat social a été consommé avant l’arrivée du nouvel administrateur. «Il est courant d’entendre ces temps-ci qu’un tel n’a pas laissé de budget ou qu’il a recruté au point de mettre son remplaçant dans une situation inconfortable», constate-t-il.
L’administrateur sortant du Fhs affirme : «Le personnel est composé de 35 agents dont 14 cadres. J’ai reçu l’aval du Conseil d’orientation pour recruter, mais je ne l’ai pas fait. Il reste au moins 5 postes de hautes responsabilités à recruter. Je n’ai pas voulu recruter pour des raisons qui sont évidentes. Le taux d’exécution du budget est de 10%. Il reste presque 90% du budget à votre disposition.» Rappelant les missions du Fhs, Wade indique qu’il s’agit de «garantir les prêts hypothécaires, de bonifier les taux d’intérêt et de mobiliser des ressources financières, afin de faciliter l’accès au foncier aux Sénégalais».
Après plus de quatre années de mise en œuvre, des efforts ont été consentis. Mais, considère le nouvel administrateur, «il nous reste encore un long chemin à parcourir. Les Sénégalais ont besoin de près de 12 000 logements chaque année.
Aujourd’hui, le déficit est de 15 000 logements par an, et le gap total est passé de 300 000 logements en 2013 à plus de 500 000».
L’ex-Directeur financier d’Atepa Groupe admet «une pression accrue sur le marché immobilier, entraînant un renchérissement des loyers et une occupation anarchique de zones non planifiées et non viabilisées, souvent impropres à l’habitat».
Par Malick GAYE – [email protected]