Italie: la Rai interrompt sa soirée électorale après la défaite du RN
L’affaire fait grand bruit en Italie: la Rai a-t-elle interrompu sa soirée électorale à l’annonce de la défaite du Rassemblement national au second tour par complaisance envers le gouvernement de Giorgia Meloni, allié du RN ? Les critiques fusent de toutes parts à l’égard du service public.
Ce dimanche 7 juillet, la Rai a tout à coup cessé de couvrir les résultats du second tour des élections législatives françaises quand il est apparu que le Rassemblement national, pourtant grand favori, était finalement devancé à la surprise générale par le Nouveau Front populaire (NFI) et le mouvement macroniste Ensemble. Les trois chaînes principales du service public ont effet diffusé des “comédies américaines et des enquêtes policières”, relate Marianne. Quant à RaiNews, la chaîne publique d’information en continu, elle a étonnamment retransmis le Festival des Villes identitaires
L’impact de cette décision est d’autant plus lourd que l’extrême droite est au pouvoir en Italie et qu’elle a souvent l’habitude d’exploiter l’audiovisuel public à son avantage. Les exemples ne manquent pas: en Hongrie, avec Viktor Orban, ou en Pologne, sous le gouvernement de Mateusz Morawiecki (PiS, Droit et justice). “Jamais RaiNews24 n’avait touché le fond de cette manière, jamais la chaîne n’avait autant renoncé à sa mission d’information à l’occasion d’un rendez-vous électoral aussi important”, a rapidement dénoncé dans un communiqué le comité de rédaction des journalistes. Pendant ce temps, les chaînes privées Mediaset (groupe Berlusconi) et La7 ont continué, elles, à couvrir les résultats du second tour en France. Détail interpellant, c’est la voix de la chanteuse Alma Manera que les téléspectateurs italiens de RaiNews ont pu entendre… compagne du directeur de la chaîne Paolo Petrecca.
Les critiques fusent de toutes parts
Alors que toute l’Europe, ou presque, était tournée vers la France, l’Italie regardait étrangement ailleurs: “Pourquoi la Rai n’a-t-elle consacré le moindre espace de son réseau à la couverture des élections françaises? Le résultat électoral aurait-il déplu à l’allié italien? Dénoncer cette trahison de la mission de service public mérite-t-elle des sanctions disciplinaires?”, s’interroge Vittorio di Trapani, président de la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI) sur X (voir ci-dessous). La politique s’est également emparée de l’affaire. Italia Viva, le parti de l’ex-Premier ministre Matteo Renzi, a saisi le comité de vigilance de la Rai “afin de faire toute la clarté” sur ce revirement soudain de la programmation: “Les élections françaises ne peuvent pas être déprogrammées au profit d’une chronique locale. Elles nous concernent tous et déterminent le futur de l’Europe”, a-t-elle dénoncé. Le Mouvement 5 Étoiles (M5S) a également fustigé la décision de la direction, “sans doute pour ne pas déranger le Palais Chigi” (siège du gouvernement italien, suite ci-dessous).
SOURCE 7/7