Vérité sur la migration africaine : Les Africains se déplacent majoritairement en Afrique
Le rapport portant sur la migration africaine : «Remettre en question» le récit a été rendu public en 2020. Dans l’avant-propos de ce document, cosigné par António Vitorino, Directeur général de l’Oim, et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, il est assuré que le thème choisi «ne pouvait être plus approprié étant donné la myriade d’idées fausses, de mythes et de craintes qui persistent autour de la migration».
Dans leur note, ils relèvent que «le rapport raconte l’histoire des migrations africaines du point de vue de l’Afrique et démontre le désir ardent du continent de prendre le contrôle de la gestion de ce phénomène de manière à en maximiser les avantages pour les citoyens du continent, tout en s’attaquant aux impacts négatifs qu’une migration continue et incontrôlée implique pour les pays africains et les migrants».
Lors de la rencontre organisée par le Laboratoire mixte international de recherche Movida (Lmi-Movida) et le Centre des études globales de l’Université internationale de Rabat (Maroc), en partenariat avec le Réseau marocain des journalistes des migrations (Rmjm) et le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc (Ccsm), sur l’information en lien avec les migrations et la déconstruction des préjugés, Mehdi Alioua, Doyen de Sciences Po Rabat, chercheur au Lmi-Movida, directeur de la chaire Migrations, mobilités et cosmopolitisme du Cgs, n’a pas manqué de rétablir la vérité sur les fausses informations distillées par voie de presse, parfois par le discours politique sur les migrations africaines.
D’emblée, il s’inscrit en faux contre tout propos tendant à soutenir que les routes migratoires africaines mènent vers l’Europe. «C’est faux !», s’écrie-t-il. Avant de préciser que les «routes migratoires africaines mènent vers l’Afrique». M. Mehdi de poursuivre que «94% des migrations africaines par voie maritime ont une forme légale».
En effet, très peu d’Africains quittent le continent africain de manière irrégulière par voie maritime. Ce qui est relayé dans les médias et par certains responsables politiques sur la migration irrégulière par voie maritime ne «représente que 6%», renseigne ce dernier, qui indique en outre que l’essentiel des migrations africaines se font par voie «terrestre».
Se référant au rapport sur la migration africaine : «Remettre en question le récit», il précise que sur les 281 millions de migrants au monde, soit 1 personne sur 30, les migrations africaines ne représentent que 14%, contre 41% pour l’Asie et 24% pour l’Europe.
D’ailleurs, les notes de l’Ifri de février 2021, portant sur «l’agenda de l’Union africaine sur les migrations : Une alternative aux priorités européennes en Afrique», indiquent que «les migrations en provenance d’Afrique constituent la priorité des politiques européennes de contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne (Ue), les dynamiques migratoires africaines sont pourtant avant tout régionales».L’Ifri, dans ses notes, indique que «les migrations subsahariennes sont très peu connectées aux flux transcontinentaux : plus de 70% restent en Afrique.
Si l’on observe le continent dans son ensemble, en y ajoutant les pays du Maghreb et l’Afrique du Sud (deux régions mieux connectées aux migrations transcontinentales en raison de leur niveau de développement), le chiffre s’établit à près de 53%, soit plus d’un migrant sur deux. La proportion des migrants africains accueillis en Europe est de 26%, soit un sur quatre». Ce, non sans préciser que «près du tiers des réfugiés dans le monde se trouve en Afrique subsaharienne».
SOURCE LEQUOTIDIEN