Législatives en France: Emmanuel Macron justifie la dissolution et livre son plan de bataille
À 18 jours des législatives anticipées, le président français a dévoilé ce mercredi son plan de bataille afin de tenter d’arracher une « majorité claire » pour le reste du quinquennat et contrer l’extrême droite, aux portes du pouvoir.
Après avoir promis de revenir très vite devant les Français pour expliquer sa décision surprise de dissoudre l’Assemblée nationale au soir d’élections européennes catastrophiques pour son camp, Emmanuel Macron a donné une conférence de presse en fin de matinée, ce mercredi à Paris.
Dans un propos liminaire qu’il a tenu avant de répondre aux journalistes, le président français a rapidement voulu justifier sa décision après la victoire du Rassemblement national le 9 juin. Un résultat auquel nous ne pouvions « rester indifférents ou sourds et nous devions apporter des réponses démocratiques », a affirmé le chef de l’État.
Après avoir « pris acte d’un blocage » à l’Assemblée nationale, selon lui la situation « imposait une dissolution qui permet seule la clarification des choses. C’est un acte de confiance dans notre peuple, dans la démocratie. »
« Le moment de la clarification »« Ce moment est celui de la clarification », a insisté Emmanuel Macron. « Depuis dimanche soir, les masques tombent.
Les choses sont donc simples aujourd’hui, nous avons des alliances contre-nature aux deux extrêmes », a-t-il poursuivi en visant la potentielle alliance de certains députés sortants LR, emmenés par Éric Ciotti, avec le Rassemblement national et la tentative d’union en cours entre les forces de gauche pour présenter des candidatures uniques dans les 577 circonscriptions françaises lors du premier tour des législatives qui se tiendra le 30 juin prochain.
Le président a admis avoir « une responsabilité » dans l’échec de son camp aux élections européennes, en n’apportant pas de « réponses » suffisantes aux « inquiétudes ».« Nous n’avons pas tout bien fait, mais nous avons des résultats », a tout de même affirmé Emmanuel Macron, défendant un bloc central uni et clair.
Mais il dit vouloir rassembler et non rallier. « Je suis convaincu que des sociaux démocrates, des radicaux, des écologistes […], des républicains » peuvent se retrouver autour « de quelques axes clairs » et bâtir une « fédération de projets ».« Nous sommes prêts à intégrer des propositions de sociaux démocrates », de responsables de la « droite gaulliste » et « d’écologistes », a-t-il poursuivi, avec la « volonté sincère et humble de bâtir des consensus ».
Il a toutefois précisé qu’il ne ferait pas lui-même campagne pour la majorité aux législatives et ne fera pas de débat avec Marine Le Pen, tout en réaffirmant qu’il ne démissionnerait pas, quel que soit le résultat du scrutin.Le président a ainsi appelé au rassemblement des « bonnes volontés » pour dire « non aux extrêmes », lançant trois jours après la dissolution de l’Assemblée nationale une « bataille des valeurs » en vue des législatives anticipées.
« Le sursaut, c’est pour maintenant »« Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027, s’est aussi défendu Emmanuel Macron. Mais « quand 50% des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l’Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire « on continue comme si de rien n’était ».
Ce n’est pas les respecter, ce n’est pas les entendre. »« Je veux qu’il y ait un gouvernement qui puisse agir pour répondre à leur colère, à leurs urgences », a-t-il encore fait valoir. « Si les gens ont peur » qu’un Premier ministre d’extrême droite soit nommé à Matignon, « eh bien le sursaut, c’est pour maintenant ».« Plus de fermeté »
Lors de cette conférence de presse, Emmanuel Macron a déroulé les axes de campagne de la majorité, qui sera menée dans la bataille par le Premier ministre Gabriel Attal. « Nous devons d’abord, de manière implacable, continuer d’agir pour plus de sécurité, plus de fermeté, mettre en œuvre les lois qui ont été votées, comme nos textes européens, pour réduire l’immigration illégale ».
Plus de fermeté certes, « mais dans le cadre de la République et de ses valeurs ».« C’est aussi cela qui nous oppose […] aux deux extrêmes », a-t-il jugé. « Ce qui est proposé aujourd’hui par l’extrême gauche, c’est une réponse par le communautarisme et le laxisme », et « ce qui est proposé par l’extrême droite et ceux qui s’y allient, c’est une réponse à l’insécurité par la sortie de la République, de ses valeurs, de son socle même ».
Le président a également appelé à « répondre avec aussi plus de fermeté à la montée de la violence des mineurs qui mine la cohésion nationale avec des mesures là aussi claires et radicales qui sont en train d’être préparées ». Il défend aussi une « ambition écologique et économique ».
Autre axe de campagne proposé par le président : « mieux vivre au quotidien ». « Il faudra donc que les forces de la majorité bâtissent des réponses concrètes sur ce sujet », a dit Emmanuel Macron, évoquant notamment la question du coût de l’énergie, assurant notamment vouloir faire construire « huit nouveaux réacteurs nucléaires » EPR2, en plus des six premiers réacteurs déjà confirmés, et parlant de l’allègement des charges ainsi que des métiers mal rémunérés.
« Les retraites seront bien indexées sur l’inflation », a aussi annoncé le chef de l’État.Égrenant quelques autres mesures programmatiques (grand débat sur la laïcité, interdiction du téléphone aux moins de 11 ans…), le président a surtout renvoyé dos-à-dos l’extrême droite, qui prônerait « l’exclusion », et l’extrême gauche incarnée par le parti La France insoumise (LFI), qu’il accuse « d’antisémitisme et d’antiparlementarisme ».
Sur le plan diplomatique, le chef de l’État a également accusé le RN d’entretenir une « ambiguïté à l’égard de la Russie » et de vouloir « la sortie de l’Otan », reprochant par ailleurs à l’extrême gauche de nourrir une « vision balkanisée […] de notre diplomatie ».
Enfin, toujours lors de cette première prise de parole publique post-dissolution, Emmanuel Macron a affirmé « suspendre » le projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral de Nouvelle-Calédonie à l’origine des émeutes dans l’archipel français du Pacifique Sud.
Rfi