Quelle date pour l’entrée de la Terre dans l’anthropocène?
Après le Trias qui a vu apparaitre les dinosaures, le crétacé qui s’est conclu par leur extinction, la Terre est aujourd’hui dans l’holocène. Époque débutée il y a 12 000 ans, elle toucherait à sa fin du fait de l’activité humaine. Débuterait alors l’anthropocène – l’ère de l’être humain. Une commission de géologues a récemment refusé de l’inscrire officiellement, mais le débat fait toujours rage entre les scientifiques.
C’est l’Union internationale des sciences géologiques qui est chargée de définir les grandes ères et époques qui ont jalonné l’histoire de notre planète depuis plus de quatre milliards d’années. En son sein, c’est la sous-commission de la stratigraphie du quaternaire qui s’est penchée sur l’épineuse question de déterminer si l’activité humaine était un moteur suffisamment puissant pour faire changer la planète d’époque géologique. Par douze voix contre quatre, ils ont estimé que le moment n’était pas encore venu, clôturant alors une procédure d’instruction de presque quinze ans.
Un début en 1952 ?
Ce « non » n’est cependant pas un rejet du concept d’anthropocène. Il s’agit plus d’une question formelle : quelle date choisir pour marquer le début de l’avènement de cette ère ? La proposition avançait 1952, époque où les essais de bombes atomiques dispersaient des retombées radioactives de plutonium à travers le monde. La trace dans les couches géologiques est distincte, indubitablement d’origine humaine, mais a été jugée trop récente : quid de l’agriculture ou de la révolution industrielle ? Les opposants à la proposition arguaient que les stigmates de l’activité humaine sur la planète sont bien plus anciens.
Ce n’est donc pas le concept d’anthropocène en lui-même qui est rejeté : des radionucléides des essais nucléaires, au plastique, en passant par le béton et les métaux polluants, les traces de l’activité humaine dans les minéraux et les roches sont nombreuses. C’est avant tout un formalisme scientifique qui a abouti au rejet de cette proposition. Ce vote a cependant suscité une tempête au sein de la sous-commission sur la stratigraphie du quaternaire ; son président lui-même dénonçant sa validité. L’histoire n’est donc pas encore close.
Un marqueur pas anodin
Marquer la fin de l’holocène et l’entrée dans l’anthropocène ne serait en effet pas anodin. Les manuels scolaires, les articles scientifiques, les musées du monde entier devraient ainsi mettre leurs frises chronologiques à jour. Cela serait la reconnaissance officielle que les changements induits par l’homme sont suffisamment profonds pour mettre fin à une époque géologique. De l’avis de tous, cela dit, peu importe la date de son début, l’anthropocène a déjà effectivement débuté. Un de ces géologues le disait ainsi dans les colonnes du Guardian : « le système terrestre se trouve désormais clairement en dehors des conditions stables de l’holocène, et les changements sont irréversibles ».