Migrants: l’Ocean Viking en route vers la France après une interdiction d’accoster du gouvernement italien

Après 18 jours de mer et d’interdiction d’accoster en Italie, l’Ocean Viking fait maintenant route vers le port de Marseille. La France s’est engagée à laisser débarquer toutes les personnes à bord du bateau affrété par SOS Méditerranée. Mais le gouvernement italien semble chercher une issue au conflit qui l’oppose aux ONG qui œuvrent au secours des migrants en Méditerranée.

Le gouvernement français a dénoncé mardi soir le « comportement inacceptable » des autorités italiennes qui refusent d’autoriser à accoster le navire Ocean Viking, qui se trouve au large de la Sicile, avec 234 migrants à bord. Le bateau humanitaire Ocean Viking a vocation à être accueilli en Italie au vu du droit maritime international, déclare ce mercredi le porte-parole du gouvernement français. « Personne ne laissera ce bateau courir le moindre risque », a cependant précisé Olivier Véran sur l’antenne de FranceInfo, en assurant que les autorités françaises suivaient l’évolution de la situation des passagers du navire en temps réel. Le navire, qui n’a reçu aucune réponse des autorités italiennes à ses demandes d’assistance, a sollicité mardi les autorités françaises pour avoir l’autorisation de débarquer dans un port sûr.

L’attitude des autorités italiennes est « contraire au droit de la mer et à l’esprit de solidarité européenne », a déclaré hier une source gouvernementale française à l’AFP. « Nous attendons autre chose d’un pays qui est aujourd’hui le premier bénéficiaire du mécanisme de solidarité européen », a ajouté cette source.

Plus tôt dans la soirée, la nouvelle Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni avait remercié la France qui, selon elle, acceptait d’accueillir l’Ocean Viking dans un de ses ports. « Nous voulons dire à quel point nous apprécions la décision de la France de prendre sa part de responsabilité face à l’urgence migratoire, qui jusqu’à présent reposait sur les épaules de l’Italie et de quelques autres pays méditerranéens, en ouvrant ses ports au navire ‘Ocean Viking’ », a déclaré Giorgia Meloni dans un communiqué. 

Selon AGI, une agence de presse italienne, la question a été réglée entre Giorgia Meloni et le président français Emmanuel Macron lors de la COP27 en Égypte. À Paris, le ministère français de l’Intérieur a précisé que le navire se trouve « pour l’instant » dans les « eaux italiennes », jusqu’à mercredi midi au moins.

Plus tôt dans la journée mardi, l’ONG SOS Méditerranée avait demandé à la France d’assigner un port sûr pour le débarquement des 234 migrants, bloqués à bord du bateau depuis 18 jours : « On est dans une impasse totale face au silence de l’Italie », a expliqué la directrice de SOS Méditerranée, Sophie Beau.

Le gouvernement Meloni critiqué pour son accueil sélectif des rescapés

En Italie, tous les passagers embarqués sur le Rise Above ont pu débarquer en Calabre. Dans le port de Catane, en Sicile, deux bateaux, le Humanity et le Geo Barents, n’ont d’abord été autorisés à ne débarquer que les femmes, les mineurs non accompagnés et des personnes vulnérables sélectionnées par les médecins italiens. Mardi soir, l’ONG Médecins sans frontières a annoncé le débarquement de tous les migrants restés à bord du Geo Barents.

L’accueil sélectif du gouvernement Meloni, infligé aux personnes secourues en mer par les ONG, suscite un tollé dans toute l’Itali. Il est condamné par de nombreuses associations, par l’opposition, une partie du monde syndical ainsi que par l’Église, rapporte notre correspondante à Rome, Anne Tréca. La presse s’indigne par exemple de l’interdiction faite aux journalistes de s’approcher des deux bateaux finalement arrivés à Catane en Sicile. Le pape François a rappelé que l’accueil de tous les migrants est une obligation.

Le ministre de l’Intérieur, un proche de Salvini, devra s’expliquer devant le Parlement. Le conflit qui l’oppose aux secouristes volontaires relève maintenant de la justice. Une ONG a saisi le tribunal de Catane et un autre recours est attendu devant le tribunal de Rome.

En 2019, Carola Rackete, la capitaine du bateau d’une ONG allemande était entrée en force dans le port de Lampedusa. Salvini l’avait fait arrêter. Le juge l’a finalement innocentée. Les arguments du gouvernement ne sont aujourd’hui pas plus solides qu’il y a trois ans et il est difficile de croire que le coup de force du gouvernement actuel serait mieux accueilli.

(Et avec AFP)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *