Les sites externes pas disponibles : Rentrée ratée à l’Ucad
Initialement prévue ce mercredi 3 janvier pour la Faculté des lettres et le jeudi pour la Faculté des sciences juridiques et politiques pour les Td, la reprise des activités pédagogiques en présentiel semble avortée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Entre non-disponibilité de sites externes choisis et le retard dans l’organisation des modalités pratiques, le doute plane sur la réouverture.
Par Alpha SYLLA – Peut-on parler de démarrage chaotique des cours à la Faculté des lettres et sciences humaines ? En tout cas, tout porte à le croire. La non-ouverture du campus social, le manque de communication autour de la reprise, la non-programmation des calendriers de reprise pour certains départements et la non-disponibilité de certains sites devant accueillir les cours sont autant de facteurs qui ne favorisent pas une rentrée sans anicroches. Ce mercredi, à l’instar de beaucoup de départements de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), ce n’est pas la grande affluence au Département de philosophie dont le calendrier de reprise est pourtant bien ficelé. Les quelques étudiants trouvés sur place scrutent les affiches d’emplois du temps des Licences accrochés sur des tableaux et affirment ne pas «aller suivre les cours» délocalisés au Cices, au Lycée Maurice Delafosse et à l’Institut islamique de Dakar, à l’université Bourguiba… Fappy Bakhoum, étudiant en Licence 3, a quitté Castors pour rallier l’université. Sans aucun matériel pédagogique, ni sac, il «savait déjà qu’il n’y aurait pas cours». Comment : «Les gens ne pourront pas venir étudier alors qu’ils n’ont pas où loger», tente-t-il d’expliquer. Comme Fappy, nombreux sont les étudiants qui qualifient la reprise des cours hors de l’Ucad, d’irréaliste. Certains étudiants rencontrés sur place disent ne même pas connaître l’Institut islamique de Dakar.
Nécessité de révision et réorganisation des sites
Trouvé devant son bureau, le chef du Département de philosophie n’a pas souhaité commenter la reprise des enseignements. Mais de sources bien au fait nous parlent d’un report ou décalage. «La date de reprise des cours est reportée à une date ultérieure», affirme notre source, tout en ajoutant que «les concernés ont déjà été informés d’une telle décision». Une information que confirme le président de l’Amicale des étudiants de la Flsh. Joint par téléphone, Alla Kane affirme que les étudiants étaient déjà au courant du report à travers les posts des responsables de la structure. Bien qu’il n’y ait pas un communiqué officiel aussi bien du côté de l’administration que celui des étudiants.
La motivation d’un tel report pourrait trouver son explication dans la non-disponibilité du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), un des sites devant abriter les étudiants. En effet, si le Lycée mixte Maurice Delafosse «a accueilli à bras ouverts les premiers enseignements du second semestre avec la mise à la disposition de la faculté de 40 salles», selon son directeur, ce n’est pas le cas pour le Cices. Auparavant, le Collège des délégués de cette institution de l’événementiel était monté au créneau pour s’insurger contre la potentielle tenue de cours dans leurs locaux. Ce mercredi, c’est le directeur du Cices qui est sorti, histoire de taire le débat autour de la question. Salihou Keïta reconnaît le statut public de l’établissement qu’il dirige, mais s’oppose à l’idée d’accueillir des cours. «Le Cices est une institution de l’Etat certes, mais nous sommes une structure évènementielle de l’Etat. Nous avons nos salles, nos pavillons et de l’espèce que nous mettons en location. Parce que l’Etat ne nous donne que 20% de notre budget. Les charges et les salaires sont payés à partir des recettes d’exploitation. Si nous acceptons de recevoir les étudiants, ça ne devrait pas être gratuit. Sinon, à la fin du mois, j’aurai des problèmes pour payer les salaires. On peut régler un problème, mais il ne faut pas en créer un autre… C’est cela que nous attendons d’abord, après avoir procédé à la visite des locaux, que les responsables de l’Ucad nous envoient leur expression des besoins», a-t-il déclaré sur Iradio. Autrement dit, le Cices peut accueillir les cours à condition que les autorités de l’Ucad mettent, au préalable, la main à la poche. Une façon de payer le prix de l’externalisation des enseignements.
Dans la journée, la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp) a annoncé, dans un communiqué, le report, jusqu’à la semaine prochaine, de (ses) Travaux dirigés (Td) initialement prévus ce jeudi. Motif invoqué : «La réorganisation de l’occupation des sites devant accueillir les cours délocalisés.» Le document renseigne également que la Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation (Fastef) et l’Ecole supérieure d’économie appliquée (Esea) (accessoirement) devront accueillir les activités pédagogiques de la Fsjp.
LEQUOTIDIEN