Guerre d’Indépendance du Cameroun : la responsabilité de la France va-t-elle être enfin établie ?

Le mois dernier, la commission franco-camerounaise « Histoire et mémoires sur le rôle et l’engagement de la France au Cameroun dans la répression contre les mouvements indépendantistes et d’opposition entre 1945 et 1971 », a reçu des archives classifiées de la part du gouvernement français. Que nous apprennent ces archives ? Pourquoi cette histoire est-elle toujours taboue ? Que s’est-il passé au Cameroun durant cette période ? AnalyseC’est le 18 octobre dernier que la France a livré ses archives classifiées à la commission franco-camerounaise, chargée de « faire la lumière » sur la terrible guerre coloniale menée par l’armée française au Cameroun, avant et après l’indépendance du pays en 1960.De nouvelles archives déclassifiéesJusqu’à présent, rien n’a filtré sur la nature et le contenu de ces archives déclassifiées.« D’après les informations que j’ai, la commission n’a rien trouvé de nouveau. Ils lisent les livres et les travaux universitaires existants. Ils annoncent périodiquement l’ouverture de « nouvelles archives » mais aucune précision n’est jamais donnée sur ce point. », nous a confié à ce sujet le journaliste et essayiste français Thomas Deltombe, co-auteur de l’ouvrage « Kamerun. Une guerre cachée aux origines de la françafrique 1948-1971 » (ed. La Découverte, 2010)

De retour d’un voyage au Cameroun, l’historienne française Karine Ramondy, qui co-préside avec l’artiste camerounais Blick Bassy cette commission, précise qu’il est trop tôt pour rendre public les informations trouvées grâce à ces archives déclassifiées.Et elle ajoute : « Cela va venir certainement après le volet recherche [La commission est constituée d’un volet recherche dirigé par Karine Ramondy, et d’un volet consacré aux enjeux patrimoniaux et artistiques dirigé par Blick Bassy, NDLR] qui aura lieu à Paris fin novembre 2023. »« Nous avons eu accès à de nombreuses archives (certaines rendues communicables par le gouvernement précédent, mais aussi par la loi PATR [Loi relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement, NDLR]), des archives sous dérogations qui nous sont accordées aisément et nous commençons à travailler sur des archives déclassifiées de la DGSE. Toute l’équipe a vocation à demander leur déclassification et leur diffusion à l’issue du rendu du rapport. », conclue-t-elle.Les travaux de la commission franco-camerounaise ont débuté en mars dernier et doivent être rendus publics fin 2024.Le souvenir de ces acteurs ayant combattu pour l’indépendance du Cameroun est sinon en voie d’être oublié, du moins discrètement entretenu et pas du tout assumé publiquement.

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