Guerre Israël-Hamas: massacre dans un kibboutz, des dizaines de morts à Gaza en une nuit
L’horreur de chaque côté de la frontière. Les derniers bilans sont vertigineux : 1 200 Israéliens tués depuis samedi dernier 7 octobre, selon l’armée israélienne, et 2 700 blessés, un bilan qui ne cesse d’augmenter. Côté palestinien, l’on dénombre 1 055 morts et plus de 5 000 blessés, dont 30 morts dans la nuit de mardi à mercredi d’après le Hamas. Le cinquième jour d’hostilités s’ouvre ce mercredi 11 octobre : les Gazaouis continuent de subir les bombardements israéliens tandis que côté israélien, c’est le choc après la découverte d’un massacre à Kfar Aza, près de Sdérot.
L’élément nouveau de cette nuit de combat dans la région est l’ouverture d’un nouveau front, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Après les incidents ce mardi 10 octobre à la frontière israélo-libanaise, notamment des salves de roquettes et une riposte israélienne, c’est cette fois depuis la Syrie que des obus de mortier ont été tirés. Israël a ensuite riposté.
Sur le front nord, l’agence officielle libanaise d’information (ANI) indique qu’Israël a bombardé le sud du Liban mercredi matin, après de nouveaux tirs de roquettes qui ont visé son territoire. Le Hezbollah a revendiqué ces tirs dans un communiqué, affirmant agir en solidarité avec le Hamas et avoir visé « à l’aide de missiles guidés une position israélienne » face au village frontalier de Dhayra. De son côté, l’armée israélienne a fait savoir qu’elle bombardait le territoire libanais « en réponse à des missiles antichars qui ont visé des soldats israéliens ». Selon l’ANI, l’artillerie israélienne, appuyée par des drones, a bombardé les abords des villages frontaliers, dont Yarin et Dharya.
Dans le sud, les bombardements intenses de l’aviation et de la marine israélienne sur la bande de Gaza ont notamment visé le quartier de Al Furqan dans le nord de l’enclave palestinienne. On indique également que la maison de la famille de Mohamed Deif, le chef des opérations militaires du Hamas a été ciblée. L’armée israélienne indique avoir touchée 80 cibles du Hamas au cours de la nuit.
Selon le mouvement islamiste palestinien, les frappes israéliennes nocturnes dans la nuit de mardi à mercredi sur Gaza ont causé la mort d’au moins 30 personnes et il y aurait des centaines de blessés. Les frappes ont touché des dizaines de bâtiments d’habitation, des usines, des mosquées, et des magasins, a déclaré à l’AFP Salama Marouf, chef du bureau des médias du mouvement islamiste palestinien.
Des avions de combat israéliens ont bombardé ce mercredi une université islamique de la bande de Gaza liée au mouvement palestinien Hamas, ont indiqué un responsable du campus et un correspondant de l’AFP. D’après le dernier bilan de l’ONU, plus de 260 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile de la bande de Gaza, pilonnée par les raids israéliens.
Massacre dans un kibboutz
L’armée israélienne fait quant à elle état de plusieurs incidents en Israël même. Au moins quatre Palestiniens armés, dont un nageur de combat, ont été tués dans la périphérie de la bande de Gaza. Un clash également à Jérusalem-est : la police a tué deux habitants du quartier Al Silwan. Au moins 169 soldats israéliens ont été tués dans les combats contre le Hamas, a indiqué le Tsahal ce mercredi.
Le massacre de Kfar Aza, près de Sdérot, est en Une des médias et choque l’opinion publique, souligne notre envoyée spéciale Murielle Paradon. Ce kibboutz israélien, près de la bande de Gaza, a été pris d’assaut par un commando du Hamas puis libéré. L’armée y a emmené quelques journalistes mardi, ils ont pu voir des cadavres d’habitants mais aussi d’assaillants. Il y a une centaine de morts, selon les soldats israéliens qui se disent eux-mêmes très choqués par ce qu’ils ont découvert, notamment de très jeunes enfants assassinés. Certains habitants auraient aussi péri brûlés dans leur maison.
Le ministre de la Défense, Yoav Galant, s’est rendu dans un kibboutz voisin, à Beeri, où il y a eu aussi un massacre, et il a tenu des propos sans équivoque : « Toute personne qui décapite des citoyens, tue des femmes et des survivants de l’Holocauste sera éliminé. Nous emploierons tous les moyens, il n’y aura pas de compromis. »
L’opération terrestre se prépare
L’inquiétude, ce mercredi matin, c’est aussi le sort des otages. Il pourrait y avoir jusqu’à 150 personnes, dont des étrangers, pris en otage par les commandos du Hamas et ramenés à Gaza. Les témoignages de familles dévastées par la douleur se succèdent dans les médias pour réclamer leur libération.
Il y a cette équation terrible à résoudre pour les autorités israéliennes : que faire de ces otages ? Faut-il entamer des négociations en libérant en échange des milliers de prisonniers palestiniens détenus par Israël ? Ou lancer une opération d’envergure sur Gaza, quitte à perdre ces otages ? Il y a des mouvements de troupes à la frontière. En tout cas, l’armée israélienne dit vouloir frapper très fort.
Un record de 360 000 réservistes israéliens ont été appelés. Les troupes se préparent en masse à une incursion terrestre à Gaza. Les responsables militaires israéliens promettent une « opération magistrale ».
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Des ONG en Israël mettent en garde contre les atteintes à la population civile et le non-respect du droit international humanitaire avec le blocus total du territoire palestinien déjà mis en place. L’ONU indiquait hier que le droit international « interdit » d’ailleurs le siège de Gaza. « Ne me décevez pas », a affirmé le président américain Joe Biden dans un discours très bien reçu en Israël, interprété comme un feu vert pour une opération terrestre.
Toujours pas de gouvernement d’union nationale en vue
L’opinion publique en Israël attend la formation d’un gouvernement d’urgence qui pourrait renforcer l’union nécessaire pour une telle campagne militaire. Mais pour des raisons inexpliquées, Benyamin Netanyahu repousse jusqu’à présent cette option. Il fait aussi face à de fortes pressions de la part des familles des Israéliens détenus à Gaza, dont le nombre exact n’est pas clair mais avoisinerait les plus de 100 personnes.
Dans un éditorial ce mercredi matin, le quotidien d’opposition Haaretz exige un échange de prisonnier le plus vite possible.
(Et avec AFP)