Royaume-Uni: le Premier ministre Rishi Sunak forme un gouvernement de rassemblement

L’ancien banquier et ancien ministre des Finances de Boris Johnson a été chargé mardi 25 octobre par le roi Charles III de former un gouvernement. Il a promis stabilité économique et apaisement à la tête du pays.

Rishi Sunak réunit ce mercredi son premier conseil des ministres. Mardi, au lendemain de sa désignation à la tête des conservateurs pour succéder à l’éphémère Liz Truss au poste de Premier ministre, il a présenté mardi un gouvernement de rassemblement. Il a tenté de représenter tout le spectre du parti conservateur. D’abord, Therese Coffey et James Cleverly, des fidèles de Liz Truss, restent au gouvernement, respectivement à l’Environnement et aux Affaires étrangères. 

Une équipe Johnson revue et corrigée 

Jeremy Hunt, appelé en renfort par l’ancienne Première ministre après l’échec de ses mesures économiques, conserve aussi son poste aux Finances.

Plusieurs soutiens de Boris Johnson ont également reçu des maroquins. Le nouveau Premier ministre a aussi placé des alliés à ses côtés, indique notre correspondante à Londres, Émeline Vin. Et même d’anciens collègues du gouvernement Johnson. Dominic Raab a ainsi été nommé ministre de la Justice et vice-Premier ministre, des postes qu’il avait occupés sous Boris Johnson. Ancien ministre des Transports, Grant Shapps a quant à lui été propulsé aux Entreprises. Et puis il l’a dit dans son discours : le gouvernement revient aux promesses de campagne de 2019 (le nivellement par le haut, les profits du Brexit, la protection de l’hôpital public).

Le retour de la très droitière Suella Braverman au ministère de l’Intérieur est en revanche une surprise. Elle avait démissionné mercredi dernier après avoir envoyé des documents confidentiels avec son mail personnel. Autre surprise, l’absence de promotion pour Penny Mordaunt, dont l’abandon a permis à Rishi Sunak de devenir Premier ministre sans élection. Elle qui espérait un poste régalien reste finalement présidente du groupe à Westminster.

« Dans ce gouvernement, il ne manque que Boris Johnson »souligne Alexandre Guigue, professeur à l’université Savoie-Mont Blanc, spécialisé sur le droit public du Royaume-Uni, qui note que cela n’augure pas d’une nouvelle ligne politique. « Le moins qu’on puisse dire, c’est que le gouvernement qu’il choisit n’augure pas vraiment d’une nouvelle ligne politique ».« On peut être un peu surpris de voir que dans une situation terrible de crise, on a juste l’impression que ce sont les mêmes qui se redistribuent les ministères, soit qu’ils changent pour passer d’un portefeuille à l’autre, soit tout simplement qu’ils restent en place comme s’il n’y avait pas de crise, comme si on n’avait pas changé de Premier ministre. »

Rishi Sunak promet de « réparer » les « erreurs » de Liz Truss

L’ex-banquier et ministre des Finances de 42 ans est entré à Downing Street à peine cinq jours après l’annonce de la démission de Liz Truss, au pouvoir pendant seulement 49 jours, énième coup de théâtre dans un pays en proie à de vives turbulences économiques et politiques. « J’unirai notre pays non avec des mots, mais des actes », a-t-il assuré sur le perron de sa résidence officielle, après avoir été officiellement nommé Premier ministre. Rishi Sunak a promis de « réparer » les « erreurs » commises sous Liz Truss. « Je placerai stabilité économique et confiance au cœur de l’agenda de ce gouvernement ».

Pour Alexandre Guigue, ce gouvernement semble être avant tout fait pour sauver l’unité d’un parti conservateur en proie à de fortes turbulences. « Je ne pense que ce gouvernement soit de nature à rassurer les Britanniques au point de remettre les conservateurs au coude-à-coude avec les travaillistes, analyse–t-il. En revanche, on a peut-être avec ce gouvernement évité le risque de schisme au sein du parti conservateur qui commençait à poindre sous Liz Truss. C’est une cassure qui fait suite à celle qui a eu cours sous le Brexit. On se souvient de Boris Johnson s’opposant à David Cameron et petit à petit faisant régner les brexiters. Mais la cassure nouvelle que Liz Truss était en train de créer, c’était plutôt entre des conservateurs modérés qui tiennent une politique économique et fiscale relativement classique et qui ne sont pas dans une posture économique qui a été qualifiée de suicidaire. »

Le nouveau Premier ministre, le premier originaire d’une ex-colonie britannique et le plus jeune depuis le XIXe siècle, prend les rênes d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse les 10%. Le risque d’une récession plane. Les grèves se multiplient face à la chute du pouvoir d’achat.

Contrainte à partir après la tempête provoquée par son plan massif de baisses d’impôts, Liz Truss, avait précédé Rishi Sunak mardi au palais de Buckingham pour présenter au roi sa démission, après un mandat d’une brièveté record. Elle a souhaité « tous les succès » possibles à son successeur, « pour le bien de notre pays », et réaffirmé son plaidoyer pour l’audace au pouvoir.

(Et avec AFP)

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