Ousmane Keïta, rescapé du Joola : «Je ne voyage plus par bateau, ni à bord d’une pirogue»
Un des 64 rescapés du naufrage du bateau Le Joola, Ousmane Keïta, a une peur bleue de la mer. Il fait dans ces lignes qui suivent, un témoignage froid de sa mésaventure dans la nuit du 26 septembre 2002.
«Cette nuit du 26 septembre est la pire de ma vie. Ce que j’ai vécu cette nuit-là est très difficile à expliquer. C’était le stress, le combat, le choc, la peur. Nous avons vécu des choses effrayantes. C’était la première fois pour moi de voir une personne perdre la vie. Mais une personne perdre la vie dans les eaux, oh que c’est terrible.
Ce sont des images indescriptibles. C’est très difficile. Il y avait des enfants, des bébés, des adultes, des femmes, des hommes, des vieillards. J’étais à l’époque étudiant et je partais à Dakar pour la session d’octobre ; j’étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Il est vrai que j’avais l’habitude de prendre le bateau, mais ce voyage était vraiment particulier. Depuis lors, je ne voyage plus par bateau, ni à bord d’une pirogue. Je ne suis pas encore disposé à le faire. Même le fait de venir ici, être à côté de l’eau, l’endroit où le bateau avait fait naufrage, cela me fatigue. Cela fait ressortir des choses très difficiles. Ce que nous vivons tous quotidiennement, ce sont des souvenirs qui parfois nous poussent à avoir des comportements qu’un être normal ne peut comprendre. C’est notre vécu, ce que nous vivons particulièrement quand on approche de la date d’anniversaire du chavirement du bateau.»