Gamou 2023: Tivaouane face à l’équation de l’hygiène et de l’assainissement
Le Témoin – Pour les besoins de la célébration de l’édition 2023 de la commémoration de la naissance du Prophète Mohammed (PSL) ou Maouloud Nabi (SAW), Tivaouane, la capitale de la Tijaniyya, s’apprête à accueillir, à la fin du mois en cours, des millions de fidèles qui, en majorité, campent et cuisinent à l’air libre ou sous des tentes de fortune. Les habitants de la ville sainte de Mame Maodo, qui compte beaucoup de bas-fonds et de zones inondables, à prêter l’attention qu’il faut aux questions de l’assainissement et de l’évacuation des eaux pluviales.
C’’est l’édition 2022 du Gamou qui a ouvert un cycle d’au moins 10 ans de célébration de cet événement en plein hivernage, remettant ainsi sur le tapis la lancinante question de l’assainissement de la capitale de la Tijaniyya. Le Gamou se tenant en plein hivernage et la ville comptant de nombreuses cuvettes, la crainte d’inondations est donc réelle. Des inondations dont les effets pourraient être catastrophiques pour les dizaines de milliers de pèlerins attendus à Tivaouane.
D’où le souhait exprimé parles habitants de la ville de voir prises toutes les dispositions nécessaires, et mobilisés tous les moyens requis, afin de parer à toutes les éventualités.
Dans l’urgence, « l’équation des eaux pluviales et des eaux usées nécessiterait une mobilisation et une synergie entre l’Etat, les collectivités territoriales, le secteur privé, les autorités religieuses et les populations entre autres », nous dit un proche de la famille Sy.
Selon notre interlocuteur, « notre a commune a bénéficié d’un programme d’assainissement financé à hauteur de 4.300.000.000 FCFA,toutefois, le problème demeure ».
« Ce programme, qui s’inscrit dans le cadre de celui plus large d’assainissement de 10 villes du Sénégal et financé à hauteur de 70 milliards de FCFA par l’Etat du Sénégal avec le concours de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), ne couvre que 10 sur les 72 quartiers de Tivaouane et ne prend en charge que la problématique des eaux usées, laissant en rade celle des eaux pluviales »,s’offusquent des citoyens de la cité religieuse.
Un conseiller municipal rappelle que les coûts des travaux spécifiques de Tivaouane sont estimés à plus de 4 milliards de Fcfa. Ils visent la réalisation de 16,53 km de réseaux d’eaux usées, 1558 branchements domiciliaires, deux stations de pompage, 50 édicules scolaires devant impacter 5.000 élèves, une station d’épuration d’une capacité de 2.100 m3/jour. L’objectif visé est d’améliorer les conditions de vie de plus de 22.000 personnes et l’assainissement d’une dizaine de quartiers de la ville. Et au-delà de cet aspect, les réalisations devraient permettre d’éliminer les réseaux d’eaux usées ménagères, les stagnations d’eaux sur la voie publique mais aussi de limiter l’exposition des populations au péril fécal.
L’urgence de l’assainissement de Tivaouane remise au goût du jour par les fortes pluies
Les fortes précipitations qui s’abattent depuis quelques jours sur Tivaouane ont mis à nu la vulnérabilité de la cité religieuse en ce qui concerne les questions d’assainissement.
En effet, presque après chaque pluie plusieurs quartiers sont envahis par les eaux notamment Djiddah, Keur Khaly, Kouly, etc., causant beaucoup de désagréments aux populations, au niveau de certains endroits de la ville où se déploient, souvent, les sapeurs-pompiers pour procéder à l’évacuation des eaux avec des motopompes mais la tache est rendue plus difficile encore par l’absence de déversoirs.
C’est dire que la cité religieuse est victime aujourd’hui de ce manque de réseau d’assainissement digne de ce nom. Les populations alertent sur la question depuis 2016 et pensent qu’« il est temps de mettre en place un système d’assainissement adéquat et fonctionnel pour mettre définitivement un terme au calvaire des populations ».
Elles estiment aussi qu’« il urge que l’Etat, en synergie avec les communautés religieuses, fasse de l’assainissement global (eaux pluviales et eaux usées) une priorité, voire une urgence, pour venir en appoint aux communes qui abritent les cités religieuses et qui n’ont pas les moyens de régler les problèmes d’assainissement de manière structurelle ».
Le Témoin