Magal de Touba 2023: Ibrahima Mbacké, ce fils de Serigne Touba très peu connu

De tous les fils de Serigne Touba, Serigne Ibrahima Mbacké reste, de loin, le moins connu. Né en 1912, à Daroul Alimoul Xabir, à Ndame, Ibrahima Mbacké est né de Fatimatou Aç-çughrâ. Il quitta sa résidence qu’il avait baptisée Mbacké Bâry le 17 du mois de Shawwal 1373 H (1954) en direction du Gabon. Un périple qui s’acheva au mois de Muharam de la même année. Une mission qui serait ainsi l’ultime service qu’il rendra à Cheikhoul Khadim, car il a rejoint son Seigneur trois mois seulement après ce voyage symbolique. Ce fut un vendredi de l’année 1954 alors qu’il n’était âgé que 42 ans.

De tous les fils de Serigne Touba, Serigne Ibrahima Mbacké reste, de loin, le moins connu. Né en 1912, à Daroul Alimoul Xabir, à Ndame, Ibrahima Mbacké est né de Fatimatou Aç-çughrâ. Serigne Ibrahima est le sixième fils connu de Cheikh Ahmadou Bamba. Sa mère Seyyidina Fatimatou ou encore Fatimatou Aç-çughrâ est d’origine mauritanienne. Elle est de la tribu des Dawalhadj (une ramification des Koraïchites de Fatimatou à Fatimatou Bintou Rassoulilahi (PSL).

Les exégètes racontent que Serigne Ibrahima a fait de humanités coraniques et en sciences religieuses, à l’instar de ses frères et sœurs. Serigne Touba l’avait confié à Serigne Dame Abdourahmane Lô, car Serigne Ibrahima n’avait pas d’oncle au Sénégal. Il a grandi chez celui qu’il considère comme un oncle et maître coranique.

Serigne Ibrahima avait l’habitude de se rendre dans certains endroits du Sénégal. Dans ses déplacements fréquents dans la ville de Saint-Louis (Ndar), il disait à ses disciples : « certes vous êtes ravis de me voir, mais ce sont les morts au cimetière qui sont pressés de me voir venir à StLouis ». Une assertion qui se comprend par ses fréquents déplacements, de jour comme de nuit, dans les cimetières de « Caaka Ndjay ».

Les talibés qui l’accompagnaient témoignent qu’il lui arrivait de rester accroupi devant une tombe pendant de longs moments pour implorer le pardon de Dieu pour celui qui y reposait. Serigne Ibrahima s’est aussi signalé par ceux qui le connaissaient par son amour sincère pour Cheikhoul Khadim. Sa concession se trouvait à l’actuel emplacement de la résidence Cheikhoul Khadim, à l’ouest de la grande mosquée de Touba. On en a l’illustration dans son engagement lors des travaux de la grande mosquée de Touba. Dans le chantier de la mosquée que Serigne Fallou parachevait, Serigne Ibrahima exhortait beaucoup les disciples au dépassement leur disant souvent : « tout ce que nous demandons de jour comme de nuit ainsi que tout ce que vous nous donnez ici à Touba où ailleurs, entrent dans la construction de la grande mosquée et c’est ce qui garantira le salut, demain, dans l’au-delà ».

Lors d’une nuit de grand Magal de Touba, Serigne Ibrahima, alors assis au milieu de la mosquée, entouré de ses disciples, avait prédit que « la chose la plus importante de l’édifice où nous sommes va se dresser là où je suis. Le mystique est là, reste que la réalisation ». En effet, Serigne Ibrahima pensait au grand minaret Lamp Fall, haut de 86 m. Un de ses disciples témoigne que la recommandation que lui fit Serigne Ibrahima après son acte d’allégeance est ceci : « Je ne te recommande que trois choses, aller à chaque Magal de Touba, t’acquitter d’un hadiya de 2000 frs par an pour la construction de la grande mosquée de Touba et la lecture constante des Qasidas de Serigne Touba.

Le voyage au Gabon

Serigne Ibrahima est le fils de Serigne Touba qui a achevé son œuvre au Gabon. Cependant, l’un des principaux épisodes de la vie de Serigne Ibrahima reste, sans doute, son voyage au Gabon. Il quitta sa résidence qu’il avait baptisée Mbacké Bâry le 17 du mois de Shawwal 1373 H (1954) en direction du Gabon. Un périple qui s’acheva au mois de Muharam de la même année. A son retour, Serigne Ibrahima fit un compte rendu de son voyage au Gabon à Cheikh Moussa Kâ, qui aussitôt écrit un ouvrage intitulé « Yokkub Jazaa’u Shakkoor », un appendice au poème consacré à l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon.

Dans le compte rendu détaillé qu’il fit de ce voyage, il dira que Serigne Touba apparut trois fois de façon consécutive à Serigne Ibrahima, à Mbacké Baol, à Dakar et à Louga, au mois de Ramadan. Cheikhoul Khadim se serait adressé à lui en ces termes « Ibrahima, après la fête de l’Aïd El Fitr (Korité), je te recommande d’effectuer le voyage de Congo, faisant référence à la vallée du fleuve Congo où se trouve le Gabon. Serigne Ibrahima donna une importance capitale à la recommandation de Serigne Touba et prépara le voyage.

D’après le journal Point Actu, l’ardeur de la préparation exprime tout l’attachement que Serigne Ibrahima entretenait à l’endroit son père. Au plan administratif du voyage, Serigne Ibrahima a personnellement effectué les démarches allant à l’établissement d’un passeport, d’une carte d’identité, d’une autorisation de voyage (aller-retour), d’un carnet de vaccination. Certaines de ces formalités ont nécessité des audiences avec le gouverneur général à Dakar. Sur le plan financier, Serigne Ibrahima a tenu à respecter la recommandation de Cheikhoul Khadim de prendre entièrement en charge les frais du voyage. C’est pourquoi il versa sur fonds propres les 200 000 frs pour les frais du voyage en plus d’une caution de 200 000 frs, soit au total 400 000 frs.

Au sujet du moyen de transport, Serigne Ibrahima n’a pas hésité devant aucun moyen de locomotion (train, voiture, pirogue, bateau et avion) pouvant le conduire au Gabon. Son périple le conduit à parcourir plus de cinq pays, soit près des ¾ de l’Afrique francophone. Le passage de Serigne Ibrahima dans beaucoup de grandes villes de l’AOF et de l’AEF a été marquant. Il fit escale à Kayes et Bamako (Soudan français, actuel Mali), à Bouaké, Abidjan et Grand Bassam (Côte d’ivoire), à Lomé (Togo) et à Cotonou (Dahomey, actuel Bénin), à Pointe Noire et Brazzaville (Congo) et à Douala (Cameroun). Une fois au Gabon, Serigne Ibrahima visita, sous la conduite d’un ancien gendarme du nom de Samba Ndiaye, alors âgé de 96 ans, les lieux où Serigne Touba avait séjourné entre 1895 et 1902.

C’est ainsi que Serigne Ibrahima a visité Mayumba, Lambaréné, Lodima, Njolé, Port-Gentil, Libreville et se rendra même jusqu’à l’île nommée par la tradition « wir wir » située à une soixantaine de km des côtes gabonaises. Certains pensent que les bateaux coloniaux redoutaient l’île et avaient tendance à crier « vire vire !» à l’approche. Dans tous ces lieux, Serigne Ibrahima effectua des prières et des ziaras.

Au cours de cette mission qui dura trois mois dix jours, Serigne Ibrahima a été propagateur de l’œuvre de Cheikhoul Khadim dans l’expansion du mouridisme. Ce voyage chargé de tant de signification s’acheva le 23e jour du mois de Muharram, coïncidant à la date de son arrivé à Dakar. Une mission qui serait ainsi l’ultime service qu’il rendra à Cheikhoul Khadim, car il a rejoint son Seigneur trois mois seulement après ce voyage symbolique. Ce fut un vendredi de l’année 1954 alors qu’il n’était âgé que 42 ans.

Une vie que l’on dirait brève mais remplie de dévotion et d’amour envers son père. Serigne Ibrahima, né au mois de Safar, est le sixième fils de Serigne Touba et n’a jamais était khalife général. Il a eu quatre fils et c’est Serigne Dame Atta Mbacké qui assure son Khalifat. Ce dernier est aujourd’hui le cadet du futur Khalife de Serigne Touba.

Source – Léral

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