JO de Paris 2024: deux mois pour dénicher des dizaines de millions d’économies
Les organisateurs des Jeux olympiques de Paris ont encore deux mois pour passer au crible un budget percuté par l’inflation et trouver des dizaines de millions d’euros d’économies sans gâcher cette fête planétaire de l’été 2024.
« La chasse au +gaspi+ », comme l’a dit fin août la ministre des Sports et des JO Amélie Oudéa-Castéra à l’occasion d’une visite du CIO (comité international olympique) à Paris, a démarré il y a déjà plusieurs mois.
Depuis sa tour « Pulse » de Saint-Denis, à quelques encablures du périphérique, les services du comité d’organisation (Cojo) planchent sur une révision budgétaire prévue de longue date mais qui a pris une tournure complexe depuis la guerre en Ukraine et une inflation galopante.
Fin 2020, le comité d’organisation avait dégagé 300 millions d’économies en supprimant notamment des sites temporaires. Combien faudra-t-il trouver cette fois-ci? Le Cojo ne veut donner aucun chiffre avant le 12 décembre, date d’un conseil d’administration crucial avec cette révision au menu, se bornant à évoquer plusieurs dizaines de millions d’euros.
Actuellement, le budget du comité d’organisation frôle les quatre milliards d’euros (3,98). Ses recettes sont composées des billets vendus, d’une contribution du CIO et des recettes de partenariats.
A cet égard, et en dépit des assurances répétées du Cojo sur sa capacité à boucler son programme de sponsors à hauteur de 1,1 milliard d’euros (dont 80% cette année), Amélie Oudéa-Castéra avait lâché fin août qu’il faudrait « peut-être parfois travailler sur des optimisations de moindres recettes ».
– « Jusqu’aux sandwiches » –
Cinq sponsors de premier rang (Carrefour, Sanofi, BPCE, EDF et Orange) ont déjà signé et le groupe LVMH de Bernard Arnault est attendu depuis des mois comme le prochain sur la liste.
En attendant que les recettes arrivent, le Cojo négocie avec le CIO, qui vient de passer quinze jours dans ses murs, pour revoir à la baisse les cahiers des charges. Et celui-ci le fait de bonne grâce, selon plusieurs sources. « Il joue sa survie à Paris », décrypte l’une d’elles auprès de l’AFP alors que le comité international trouve de moins en moins de villes candidates pour organiser cet événement géant à l’équation environnementale et budgétaire complexe.
« On passe tout en revue jusqu’aux sandwiches », assurait à l’AFP Christophe Dubi, membre du CIO et directeur exécutif des Jeux fin août. Il est donc surtout question de réduire les niveaux de services, transports compris, ou encore d’ouvrir plus tardivement les sites d’entraînement.
– « Remettre au pot » –
Mais cela suffira-t-il à combler les surcoûts comme celui de la cérémonie d’ouverture grandiose et inédite sur la Seine? L’actualisation du protocole de sécurité entre l’Etat et le Cojo va-t-elle aussi faire grimper cette ligne du budget?
D’autant que de nombreux marchés ne sont pas encore conclus et « les mecs font monter les prix », explique à l’AFP une source proche du dossier, qui juge que « l’inflation a bon dos ». « Tout prend du retard », déplore une autre source proche d’un des sponsors.
La question d’externaliser ou de garder en interne l’organisation des épreuves a mis du temps à être tranchée pour finalement arriver à « un modèle hybride ». Le Cojo soutient qu’il n’a perdu ni temps ni argent.
La réserve de 300 millions d’euros pour aléas que le Cojo n’a pas encore touché « aura en partie besoin d’être mobilisée pour faire face à l’inflation », a expliqué la semaine dernière la ministre des Sports au Sénat. « Il va falloir que le CIO remette au pot », assure une source proche du dossier, comme il l’a fait pour aider Tokyo à traverser la crise Covid. Mais, pour l’instant, le Cojo réfute mordicus avoir demandé une rallonge.
La Cour des Comptes elle aussi s’affaire. Comme le prévoit la loi olympique votée en 2018, elle est chargée de rendre un rapport d’ici la fin de l’année qui sera débattu dans un Parlement éruptif. Le président du comité d’organisation Tony Estanguet a récemment rencontré la présidente de l’Assemblée, les présidents de groupe et les députés qui travaillent sur les JO, selon plusieurs sources.
Du côté de la Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques), dotée d’1,870 milliard d’euros d’argent public, un premier chiffrage de l’inflation a été établi à 150 millions d’euros absorbé aux deux tiers par l’Etat et un tiers par les collectivités.
Par Déborah CLAUDE