Accueil des réfugiés en France: le maire de Saint-Brevin démissionne et quitte la ville
Après avoir été victime d’un incendie criminel à son domicile en lien avec le centre d’accueil de demandeurs d’asile de la commune, le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez (DVD), a démissionné mercredi 11 mai. Il déplore aussi « un manque de soutien de l’État ».
« Ce mardi 9 mai, j’ai adressé à Monsieur le préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brevin-les-Pins », a écrit mercredi Yannick Morez (DVD) sur la page Facebook de la commune.
Depuis plusieurs mois, la commune est secouée par des tensions suite à une vive opposition à un projet de déplacement du centre d’accueil de demandeurs d’asile installé depuis 2016. Et il y a quelques semaines, le 22 mars, le domicile de l’élu a été visé par un incendie criminel qui a réduit en cendres deux de ses voitures et une partie de la façade de sa maison. « J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie », a-t-il indiqué.
Il a aussi dénoncé « le manque de soutien de l’État » dans cette affaire. « L’État nous laisse seul en première ligne avec ce centre, même si c’est lui qui décide du projet de déménagement », avait-il déclaré à l’AFP en mars dernier.
« La République recule »
Cette annonce a provoqué une indignation générale de la classe politique. « L’inaction de l’État est une honte absolue. Qu’attend-il pour agir ? », a tweeté Fabien Roussel, le patron du PCF. « C’est une honte que l’État n’ait pas pris la mesure de ce qu’il lui arrivait et ne l’ait pas conforté. C’est une honte de continuer à banaliser l’extrême droite », a réagi de son côté sur le même réseau social Olivier Faure, premier secrétaire du PS. La responsable d’EELV, Marine Tondelier, elle, a jugé que « la République recule ».
« Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes. À cet élu de la République, à son épouse et ses enfants, je redis ma solidarité et celle de la Nation », a aussi réagi Emmanuel Macron sur Twitter. « Ce qui s’est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien », a déclaré de son côté la Première ministre Élisabeth Borne, depuis la Réunion. Son entourage a ensuite précisé qu’elle lui proposerait de le recevoir à Matignon « dans le courant de la semaine prochaine ».
Suite aux critiques du maire envers l’État, la cheffe du gouvernement a dit sa volonté de « mieux protéger les maires », de « répondre plus efficacement quand il y a des menaces », de « renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour pouvoir soutenir les maires pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner face à des violences dont ils peuvent être victimes ».
Côte majorité, ce jeudi matin, Aurore Bergé, cheffe des députés Renaissance a l’Assemblée, a rendu hommage à l’élu. « Il prend une décision qui n’est pas son choix, il prend une décision sous la contrainte », a-t-elle dit sur France inter. Elle souhaite que « les menaces et intimidations contre les élus soient unanimement condamnées ». Et d’ajouter : « La question qui est posée est celle de la protection de nos élus. »